Dear Daughter. [Solo] Sujet: Dear Daughter. [Solo] Mer 15 Fév - 23:28 Dear Daughter Solo
Journal de Celas, vendredi 23 octobre 1914.
Cher journal, Je pars demain pour Central. Je manque de temps, alors je me suis levée à deux heures du matin pour aller faire un tour par Ishval, avant le boulot. Il faut que j’aille vérifier quelque chose. C’est une chance que nous ayons installé notre campement à seulement quelques kilomètres d’Ishval sur notre chemin, hier soir.
Cher journal, J’ai emprunté Jane à Lance pour aller un peu plus vite. Je viens d’arriver aux ruines d’Ishval, il est quatre heures. Je me suis arrêtée sur la place où une petite fille a été tuée par un soldat de l’Armée, ce qui avait déclenché une émeute et le début d’une période de trouble. Je m’en souviens comme si c’était hier. Je me souviens de la gamine, son ours en peluche dans la main, souriant au soldat. L’horreur sur son visage, au moment où il sortit son arme et la pointa vers elle. J’en frissonne rien que d’y repenser. Mon objectif n’est pas très loin, même si les rues ont changé du tout au tout, je reconnais encore le quartier dans lequel j’ai grandi une partie de ma vie.
Cher journal, Me voilà dans les ruines de ma petite maison. Il n’en reste plus grand-chose : il y a un énorme trou dans le mur du fond, l’étage est complètement ravagé, la pierre qui sert de toit ne recouvre même pas le quart de la maison. De vieux livres traînaient çà et là, à moitié brûlés. J’en ai reconnu quelques-uns, malgré tout. Quand j’étais petite, j’avais une cachette secrète, pas loin de mon lit. Une des pierres qui formait le mur entre ma chambre et la pièce qui servait de salon ne tenait plus en place, alors je la retirais avec mes petites mains pour y cacher des choses. J’y ai retrouvé mon premier journal. C’était mon père qui me l’avait offert, à l’époque. Je l’avais abandonné quelques jours après sa mort, trop prise de chagrin. Aujourd’hui, en déplaçant la pierre, j’ai été surprise de retrouver ce journal, accompagné d’une note de ma mère.
« Ma chère fille,
Si tu lis cette lettre, c’est que tu as enfin accepté que papa soit parti. Il était très malade, et jusqu’au bout, il a regretté de ne pas avoir pu prendre soin de toi autant qu’il l’aurait voulu, à cause de ses problèmes. Tu sais, Celas, papa et maman t’aiment beaucoup, même si nous n’avons pas assez de temps à t’accorder pour sortir. La maladie de papa fait que je dois toujours garder un œil sur lui, c’est ma faute, je suis désolée. Je promets de mieux m’occuper de ta petite sœur, mais il faut aussi que tu me donnes un coup de main ! Ça me fait de la peine, de te voir assise sur ton lit, les genoux dans les bras, en repensant à papa. Je suis sûre que jouer avec la petite te remontera le moral.
J’ai vu que tu cachais ton petit journal ici. Promis, je ne l’ai pas lu, pas une seule page ! Bon, d’accord, peut-être un peu… Tu devrais continuer d’écrire dans ce journal, de raconter les histoires de Celas, la petite Ishvale qui deviendra grande ! Ta maman qui t’aime, Thanas. ♥ »
La lecture de cette lettre me mit les larmes aux yeux. Maman, je ne t’en ai jamais voulu pour le temps que tu passais à t’occuper de papa. Promis, je te dirai tout ça lorsque je te retrouverai. Si tu me lis, tu peux voir que j’ai continué la rédaction de mon journal. Enfin, ce n’est pas le même, j’ai dû en commencer un nouveau puisque le premier est resté ici, mais j’ai continué quand même ! J’ai mis la lettre dans ma poche, je la montrerai à maman et à ma sœur lorsque je les verrai, à Central. Sous la lettre se trouvait mon vieux journal, que j’ouvris et feuilletai, pour me remémorer cette époque-là. En voici le premier extrait :
« Le petit journal de Celas, lundi 8 mai 1899. Coucou petit journal ! Je m’appelle Celas, j’ai 8 ans, et j’habite à Ishval ! Merci à mon papa qui m’a donné ce journal pour m’occuper ! Papa est très malade, il est presque toujours dans son lit, et maman s’occupe de lui. Maman veut pas qu’il sorte, alors papa m’emmène jamais dehors. Il tousse tout le temps ! Tous les jours, je m’assois à côté de lui, et il me raconte plein d’histoires. Mais des fois, il tousse pendant l’histoire, et maman me demande de sortir un peu. Alors je vais voir ma sœur. C’est un bébé, elle est toute petite et elle a presque pas de cheveux ! Ce matin, papa m’a dit qu’il allait m’emmener en balade dans le quartier, mais il m’a dit de pas le dire à maman, alors j’ai rien dit. On est partis quand maman est sortie acheter des légumes. J’aime pas les légumes, c’est pas bon. Quand papa et moi on marchait dans la rue, il y a des gens qui le regardaient comme s’il était bizarre. Il marchait avec sa main sur sa bouche et son nez alors oui, c’était un peu bizarre. Et il arrêtait pas de tousser, encore plus que d’habitude. Quand on est rentrés à la maison, il m’a donné le journal et m’a fait un câlin en me disant je t’aime. Je sais pas pourquoi, mais il pleurait. Pourquoi il était triste ? On s’est bien amusés aujourd’hui ! Ce soir, papa a commencé à me lire une nouvelle histoire. Mais il a encore toussé, alors maman m’a dit d’aller me coucher. Papa m’a dit de chercher la fin de l’histoire toute seule. Ça fait des heures qu’ils sont dans la chambre. Papa a arrêté de tousser. Je crois que maman pleure. Pourquoi elle est triste aussi ? »
Il n’y a pas grand-chose, après ces quelques pages. Je raconte comment maman m’a expliqué ce qu’il se passait, et que j’étais triste. Après ça, j’ai caché le journal derrière ma pierre. Maman a dû remarquer que quelque chose clochait dans le mur, en la voyant de mes yeux d’adulte, il est clair que cette cachette était loin d’être optimale. J’ai rangé ces souvenirs dans mes poches, il est temps de retourner auprès de ma monture.
Cher journal, Sur le chemin vers le camp, je ressassais ces vieux souvenirs, mélancolique. Demain, je pars pour Central. J’espère y trouver ma mère et ma sœur, en forme. Croisons les doigts. Elles me manquent un peu plus chaque jour.
©Setsu Nekos & Myros
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