Il suffit d'y croire. [Solo] Sujet: Il suffit d'y croire. [Solo] Sam 20 Jan - 18:15 Maman était dans le jardin quand le téléphone sonna. Elysia l’appela plusieurs fois avant de descendre du canapé sous le tonnerre de la sonnerie qui n'en finissait pas. Une poupée au manteau rouge dans une main et un caillou gris dans l'autre, elle hésita longuement pour choisir lequel des deux elle allait déposer. Elysia opta pour le caillou avant de s'emparer du combiné. Elle gonfla le torse, énergique et bombée de courage. Dans ces moments-là, elle savait ce qu'elle devait dire mais le faire était une épreuve. Une voix masculine tonna dans son oreille mais l'enfant ne se dégonfla pas et la coupa aussi nette :
« Maman est dehors ! Vous... »
Elle ne connaissait pas le mot spécifique une fois conjugué avec un tel sujet, aussi opta t-elle pour quelque chose de plus simple :
« ...t'attends ! »
Elle claqua le combiné contre la table et sortit comme une tornade pour avertir sa mère. Gracia, embarrassée, se précipita sur le téléphone pendant que la jeune fille retournait à ses jouets. Elle reprit son caillou et retourna s'asseoir sur le tapis.
Edward devait dire quelque chose de percutant malgré sa colère sous-jacente. Il avait toujours l'air en colère dès que l'on parlait de la taille de ses jambes. Il n'aimait pas du tout être le petit-frère d'Alphonse. Alphonse s'excusait. Il était bien trop haut pour qu'Elysia imagine son regard, mais il devait être doux.
La poupée rouge en main, Elysia l'agita au-dessus du caillou en prenant une voix aussi grave que possible :
« J'suis pas ton petit-frère ! Ton petit-frère, c'est toi ! »
Le caillou tourna de gauche à droite en riant doucement :
« Désolé, moi, j'suis ton petit-frère mais j'suis plus grand que toi. »
Que se passait-il, ensuite ? Dans ses souvenirs, tout le monde se mettait à table et riait autour d'un bon plat. Edward n'était en colère que lorsqu'il passait la porte mais plus tard, il n'était plus dérangé par la taille de ses jambes.
« Viens manger, Al. Viens manger, Elysia. »
Elysia fit le tour de la table basse avant de poser la poupée et le caillou. Elle s'assit entre eux et agita ses jambes comme si elle les balançait d'une chaise. Elle donna une cuillère à Edward avant de tapoter la table du plat de la main en hochant la tête :
« C'est bien ! »
Faire la conversation était une chose qu'elle adorait faire, essentiellement depuis qu'elle apprenait et découvrait qu'elle en était capable. Réutiliser des mots que sa mère lui disait ou ceux qu'elle entendait devenait un passe-temps constructif et parfois dangereux pour les adultes injurieux. Mais heureusement, ce n'était pas l'habitude de ses connaissances. Elysia donna ensuite la bectée à Alphonse et les coucha tous les deux dans un landau en bois, caché dans sa chambre :
« Passe un bon dodo. Bonne nuit. A bientôt. Tu dors bien. »
Les deux frères lui manquait. Elle ne les avait plus revus depuis quelques semaines mais leurs passages inopinés voulaient toujours dire que Maman ferait une tarte aux pommes. Elysia adorait ça ! Elle aimait apprendre à cuisiner avec Gracia et essentiellement partager le goûter. Quand reviendront-ils ? Elle l'ignorait. Mais d'une certaine manière, les deux chevaliers étaient toujours là. Elysia retourna auprès de sa mère qui raccrochait le combiné. Elle posa ses deux mains sur ses genoux pour lui faire sous-entendre qu'elle souhaitait y monter. Sa mère l’accueillit dans ses bras en papillonnant des yeux, visiblement très secrète. Mais l'éponge humaine qu'était Elysia sentit sa tristesse. Elle fondit sur le torse de Gracia pour l'enlacer. Elle n'entendait rien du chagrin de Gracia, de l'absence mortelle de son père ni même des lourdes conséquences qu’entraînait son décès. Cependant, elle esquissa un sourire pour tirer sa mère de sa rêverie morbide et Gracia lui ébouriffa les cheveux.
« Tu veux faire un gâteau, ma chérie ? »
Elysia bondit de ses genoux et la tira par la main pour l’entraîner dans la cuisine :
« Une tarte aux pommes pour Edward et Alphonse ! »
C'était ça, la vie. Continuer d'avancer malgré la pluie qui tombait et continuer d'être persuadés qu'ils allaient venir manger le goûter avec elle. Parce qu'il suffit d'y croire.
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