Vous n'aurez aucune difficulté à reconnaître Halnes si vous la croisez dans la rue. Même si elle a une apparence banale, elle sautille partout et a toujours l'air joyeuse... Ou conne, ça dépend des points de vue.
C'est un cure-dent. Un grand cure-dent fin, un truc bizarre et sans formes, d'un peu plus d'un mètre soixante-dix. Halnes Grapple n'a pas été vernie pour son nom, ni pour sa gueule, d'autant plus qu'avec cette sale gueule, il n'est pas rare qu'on la prenne pour un homme. Mais il s'agit officiellement d'une femme (même si je vous permet d'en douter: elle ressemble à tout sauf à une femme avec sa poitrine aussi plate qu'un mur et son comportement  presque masculin).
Halnes est brune, son visage est pâlichon comme tout et prouve qu'elle quasis tout le temps enfermée chez elle (à faire des expériences bizarres?), et surtout, c'est une taupe de première catégorie. Elle ne voit que dalle et a donc une épaisse paire de lunettes du genre cul-de-bouteille rectangles au bout d'un élastique qui cache sa drôle de tronche.
Comble du comble, Halnes a eu la fantaisie de se confectionner elle-même un costume du genre uniforme (pour se faire remarquer?), et est donc facilement repérable à ses habits pour le moins ''étranges''. Si vous la voyez avec un uniforme plein de sangles et avec une cape verte, ne paniquez pas surtout pas, il ne s'agit ni d'une folle (même s'il est facile d'en douter), ni d'une infiltrée (même s'il est tout aussi facile d'en douter).

Halnes est un genre unique. Vraiment unique. En fait, pour être plus précise, elle est du genre insortable même avec une laisse, elle a des tendances à sautiller et courir partout en bonne hyperactive qui soit... Et surtout, elle est vraiment très TRÈS chiante. Niveau emmerdeuse, on a vraiment du mal à faire mieux qu'elle. Elle cherche toujours la petite bête ou le mot pour mettre les autres dans un colère noire, ça la fait marrer, c'est même sa plus grande passion je dirais. Ses journées ont pour première variante d'aller emmerder les gens qu'elle croise ne serait-ce que dans la rue, pour seconde variante de s'endormir sur son bureau à la place d'étudier sérieusement (pas étonnant qu'elle rate autant ses transmutation si il lui manque la moitié des bases...) en bavant sur sa plante carnivore de compagnie, et pour dernière variante de faire des expériences d'alchimie bizarres chez elle. En fait, c'est une vraie boss dans l'art du glandouillage ou de la fuite quand ça lui chante.
Il y a deux autres choses importantes à savoir sur elle:
Première chose: Sa très grande excentricité et son égo sans pareil sont aussi légendaires que la petite taille de l'Alchimiste d'Acier, c'est pour vous dire...
Seconde chose: Halnes est tout simplement stupide.

Mais ce n'est pas le pire chez cette tarée. Oh non, ce n'est pas le pire...

Le pire, c'est qu'il ne PEUT PAS y avoir plus bavarde qu'elle dans tout Amestris. C'est tout bonnement, im-po-ssi-ble. "Blablabla, blablabla, blablabla, blablabla, blablabla..." et ça n'a jamais de fin, même quand elle pionce.
Je conseillerais donc à tous ceux qui peuvent, par pure mégarde, s'approcher d'elle de s'en éloigner tant qu'ils le peuvent, sous peine de bourdonnements perpétuels dans les oreilles et de maux de tête incessants qui resteront sans doute toute la semaine.

Seule, chez moi, j'étais assise à table.
Je contemplais la chaussette que je tenais entre l'index et le pouce. Elle était propre, mais je la tenais ainsi comme s'il s'agissait d'un objet maudit et non comme un bas puant.
Foutue chaussette...

«… Et merde!»

Je m'affalai sur ma table. Cette chaussette...

Cela faisait longtemps que la guerre d'Ishbal m'intriguait, pour tout avouer depuis que mon père, fier archéologue, est mort. Je voulais continuer ses recherches, ses témoignages, et tout ce qu'il avait construit de son vivant.
Et devenir Alchimiste d'Etat était vraiment une opportunité pour avoir plus d'informations au sujet de cette guerre. De toute façon, j'avais vraiment tout pour réussir, puisque j'étais si parfaite!

L'apprentissage et l'entrainement furent longs. Très long.
Et enfin, hier, j'avais passé mon exam' pour devenir Alchimiste d’État.
Mais en arrivant dans la salle, une chose avait fortement retenu mon attention: les soldats présents avaient tous de sales gueules, et surtout l'examinateur. Il ressemblait à une vieille patate rabougrie et minuscule et en plus il avait une tronche aplatie, un crâne aussi chauve qu'un cul de tatou, des joues qui tombaient comme des flans périmés de quelques centaines d'années et des petits yeux de fouine qu'on voyait à peine tellement qu'ils étaient cachés derrière ses épais sourcils gris. Bref, il était franchement moche. Ils étaient tous tellement moches... Et ce, à un tel point que ce fut plus fort que moi: j'explosai de rire en arrivant, chose qui n'avait vraisemblablement pas plu. Du coup, je m'étais finalement dit en voyant leurs airs désabusés que ça leur passerait vite en quand ils se rendraient compte à quel point j'étais une alchimiste géniale. Ou plutôt, à quel point j'étais une alchimiste parfaite!
Je traçai mon cercle de transmutation en moins de temps qu'il n'en fallait pour dire "hexakosioihexekontahexaphobe", et je fis alors apparaître une sublime... Chaussette verte à petits canards jaunes brodés dessus.
Clairement, c'était pas trop ce que je voulais. Devant cet exploit raté, la seule chose que j'avais trouvé à dire à Mr patate-pourrie-et-difforme était:"Oh ben au moins c'est du 39, avec vos ptits pieds proportionnels à votre taille, ça devrait vous aller". Je crois qu'il n'avait pas trop apprécié cette fois encore...
Je fus dégagée du QG Nord en moins de temps qu'il n'en fallait pour dire "hexakosioihexekontahexaphobe", et ils firent disparaître de leur vue une sublime... Alchimiste ratée.
Encore une fois, c'était pas trop ce que je voulais.

Cette putain de chaussette de merde...

«… Tout ça c'est de ta faute, saloperie à canards jaunes!»

En plus, j'avais emménagé dans le nord exprès pour cet entretient, et pour le boulot que j'étais sûre d'avoir à la suite... Du coup j'étais loin de mon père, ou du moins de ses restes enfouis dix pieds sous terre, et de tous les mystères qu'il cherchait à élucider à Ishbal... Loin de l'est quoi.
Et sans boulot, pas d'argent, et sans argent, pas moyen de bouger de là.

Conclusion: à cause de cette foutue chaussette, je vais passer le restant de ma vie avec des ours et des caribous dans ce coin où on se les caille sévère, et où on risque de choper un sale rhume tous les jours...

«… Et merde!»