Ses pas claquaient sur les pavés de la rue, résonnant du rythme de sa course folle. Son cœur battait à tout rompre alors que son souffle hachait témoignait d'une course de longue haleine. Et dans ses yeux luisait autant la peur que l'inquiétude. Peu à peu l'adrénaline quittait son corps, la laissant un instant pantoise. Ce n'est pas tous les jours qu'elle assistait de près à un accident. De trop près d'ailleurs, si les deux yeux de l'Araignée étaient une bonne indication à son stress actuel. Les voitures n'étaient vraiment pas passés loin et l'adrénaline avait fait un sacré bond pour la forcer à se tirer de là avant que qui que ce soit s'intéressant un peu trop à ses voisins pour les prendre à partie ne s'intéresse alors à elle et ne remarqua l'anomalie qui avait prit place sur son visage. Elle avait donc rapidement pris la fuite alors qu'apparaissait sur ses tempes une paire d'yeux supplémentaire, le tout colorant ses quatre yeux d'un noir abyssal.

Elle fut donc soulagée lorsque le calme revint autour d'elle. Puis un bruit fit sauter son cœur et ses cervicales craquèrent lorsqu'elle se tourna presque violemment dans la direction d'un homme qui terminait visiblement de se redresser. Elle ne put retenir un frisson de peur quand elle avisa son sourire. C'était un sourire qui faisait remonter des souvenirs désagréables dans sa tête, lui rappelant les ô combien détestable sourire de ceux qui l'avaient transformé. La peur lui retourna les entrailles. Elle observait l'éclat du couteau avec la terreur de ceux qui n'ont jamais été confronté à ce genre de situation. Qui était cet homme ? Que voulait-il ? N'y avait-il donc personne pour lui venir en aide ! Elle recula du pas qu'il fit en avant, figée, incapable de s'enfuir alors qu'elle ne voulait que hurler à son corps de se mouvoir, de la laisser partir d'ici pour retrouver les bras réconfortant de sa mère. Il t'as vu. Elle hoqueta de peur. En temps normal l'Araignée somnolait tout le temps de la journée, mais la peur terrible de son hôte avait forcé cette dernière à s'éveiller. Allez.. laisse moi nous protéger, laisse moi le contrôle. susurra t-elle en toisant l'homme à travers le regard de son hôte.

- Non.. - murmura Venestraale pour l'Araignée, provoquant un ricanement grinçant de cette dernière.

Alors je te prêterai ma forme, voyons comme tu te débrouilles ! La petite fille cligna des yeux un instant, incertaine de ce qu'elle voulait dire avant que l'éclat de la lame du couteau ne recentre son entière attention sur celui qui menaçait sa vie. L'Araignée avait dit qu'il l'avait vu, ses quelques paroles confirmèrent ce qu'elle lui avait dit, mais comment connaissait-il l'existence des chimères ? Toute à ses questions elle ne sentit pas le changement qui s'opérait, dévoilant sa forme entière en tant que chimère. Ce n'était pas la douleur à laquelle elle était habituée, cette douleur qui lui rappelait sans cesse que l'Araignée et elle ne s'entendait pas. Tout fut indolore cette fois ci, car c'était pour elles que l'Araignée opérait. Prise d'un soudain excès de conscience, Venestraale releva ses yeux abyssaux vers celui qui se révèlerait être dans un futur proche, son bourreau, ou son attaquant uniquement.

Sa peur faisait tambouriner son cœur, mais elle ne savait pas comment agir, elle ne savait pas comment se placer... elle ne savait pas comment se battre ! Ses pattes s'agitèrent, comme répondant à son tourment. Ses mandibules apparurent aux côtés de ses crochets à poison, comme espérant dissuader l'homme d'agir de part l'aspect menaçant que cela rajouter à sa forme complète.

- N'approchez pas.. N'approchez pas ! - se risqua la jeune fille, sa voix trahissant sa peur évidente.

Venestraale écarquilla les yeux devant la folie apparente de l'homme devant elle. Il apparaissait à ses yeux comme une poupée désarticulée et c'en était d'autant plus terrifiant qu'elle était paralysée par les quelques paroles qu'il prononçait. Que faire, que faire ? Elle n'était pas une combattante, ni elle, ni l'Araignée, bien que cette dernière était bien plus apte que elle à les défendre. Un tremblement la parcourue de la tête au pied lorsqu'il la chargea et son souffle se coinça dans sa gorge. Très honnêtement, si l'Araignée n'avait pas été là elle serait plus que sûrement morte à l'heure qu'il est, car seul l'ordre hurlé par la voix hystérique de cette dernière lui permit de sauter sur le côté au dernier moment. L'adrénaline la faisait trembler des pieds à la tête et ses yeux étaient écarquillés, regardant frénétiquement autour d'elle alors qu'elle s'éloignait, mettant une distance plus que nécessaire entre eux.

Elle voulue prendre la parole, éloigner cet homme bien que ses quelques mots seraient sûrement futile. Mais malgré sa volonté, rien ne sortie de sa bouche, lui faisant pincer les lèvres alors que son attention se portait autour d'elle, dans l'espoir de trouver une échappatoire. Cet homme fou la terrifiait bien plus que l'arme qu'il brandissait. Mais en cherchant sa sortie de secours, elle perdit momentanément toute attention de sur son assaillant, ne sachant pas encore faire la part des choses, malheureusement...

Intérieurement l'Araignée grinçait des dents, alternant son attention entre Venestraale et l'homme taré qui les agressait. Elle avait toujours défendu leur intégrité à toutes les deux. Car l'enfant n'aurait jamais pu sortir saine d'esprit d'entre les mains de ces stupides scientifiques. À travers les yeux de sa forme chimérique, elle fixait hystériquement ce qui attentait à leur vie. Il fallait le tuer ! Il le fallait ! Il le fallait ! Ou bien c'est elles qui mourraient !

Ses raisons, ses explications, aussi tordues soient-elles, Venestraale ne pouvait que les écouter. Tétanisée, terrifiée, son âme hurlait pour qu'on l'aide mais sa bouche demeurait désespérément close alors que l'homme fou faisait jouer sa lame près de son cou. Elle avait envie de pleurer, de laisser ses émotions s'exprimer, tout en voulant hurler. Que quelqu'un la sorte de là ! L'homme ne lui inspirait que de la peur, celle qui te tordait les boyaux et t'empêchait de bouger alors que tu sentais pourtant l'adrénaline courir dans tes veines. Celle qui te clouait sur place tellement fort que tu avais l'impression que le monde s'était arrêtait de tourner pour ne se concentrer que sur toi et ton malheur. Venestraale inspira brusquement, n'ayant pas remarquée qu'elle s'était mise en apnée. La peur empoisonnait son esprit et faisait remonter des souvenirs peu agréable. Ces souvenirs que contemplait aussi l'Araignée, la rendait à moitié hystérique.

Tais-toi.
Elle ferma les yeux et gémit de peur en subissant les gestes de l'homme.
Tais-toi.
La piqûre fut soudaine et vive, cisaillant ses nerfs sensibles et elle ouvrit grand ses yeux quand la douleur explosa.
TAIS-TOI !
Son cri fut aussi soudain que puissant, la douleur et la peur ayant raison de son silence. Elle voulu se débattre mais la prise de l'homme était parfaite. Il la maintenait d'un côté et la torturait de l'autre. Intérieurement, l'Araignée n'était plus qu'un boule hystérique de violence et de douleur difficilement contenu. Et encore qu'à l'instant présent, la douleur n'était pas à son paroxysme malgré le sang présent.

C'est lorsque, écartant les chaires, l'homme qui n'était qu'un animal détestable fit exploser la douleur, que Venestraale disparue au profit de son alter-ego. Tellement plus sanglant. Tellement plus dangereux. Tellement plus. Juste ainsi. La douleur fut hurlée, mais le cri n'était plus celui de l'enfant, mais bien celui de l'Araignée, pas humain, tellement plus strident, faisant frissonner de peur qui l'entendait. Et si elle criait bel et bien sa douleur, elle promettait tellement plus en retour. Une vengeance à qui les a faites souffrir ainsi.

- LÂCHE MOI ! - hurla l'Araignée, sa voix aiguë et éraillée occupant l'espace entre eux.

Elle le repoussa violemment, délogeant l'arme de son cou et elle posa par réflexe ses mains dessus, les retirant pleine de sang. Et le sang coulait et coulait sans s'arrêter. Elle leva son regard teinté de haine vers lui et se jeta en avant, le percutant avec tout le poids de son petit corps et plantant ses crocs dans la chaire fragile de son cou, une de ses mains comprimant sa gorge et l'autre le griffant hystériquement.

HRP :