Les histoires de Loups-Garous sont réputées pour être des légendes. Et on dit que les légendes sont tirées de faits réels légèrement modifiés à la sauce d'un peu tout le monde en fonction du pays. Il y a neuf ans... Une nouvelle légende est apparue. Elle a fait parler d'elle à Central City tout d'abord, plus précisément dans ses égouts. Puis après, un peu partout dans les environs avant de passer carrément les frontières du pays jusqu'à celle, très réputée, de Briggs. C'est la légende absurde qu'un loup-garou rôde dans les profondeurs et attaque abruptement tout ce qui bouge. Son aspect est tantôt si répugnant qu'il atrophie nos moindres mouvements, tantôt si envoûtant qu'il en devient presque mystique et séduisant. Mais une chose ne change pas dans tout ces récits... C'est la froideur de son regard et le goût de tristesse qui ne nous lâche pas quand on entend son cri. Pourquoi je vous parle de ça ? Vous allez bientôt le savoir.
Je m'appelle Stéphane. J'ai vingt-neuf ans, et vous êtes actuellement dans ma tête car jamais je ne répéterais ce que vous lirez aujourd'hui. Jamais. Je ne parle pas beaucoup. Surtout pas de ça...
Cette chose que je peux décrire comme ma vie. Par où commencer ?
La mort de ma mère peut-être. J'avais cinq ans quand c'est arrivé; ma mère, Patricia, à fait une lourde chute dans les escaliers de notre humble demeure. Parce que oui, nous étions des gens riches. Si riches que notre demeure comportait des hectares de terrain autour de la propriété et que notre voisin le plus proche, Armstrong, ne pouvait même pas m'apercevoir si je jouais en bas des escaliers de la porte d'entrée... Oh oui, nous avions une vie aisée. Jusqu'au jour où elle tomba... Ma mère que j'aimais tant. C'est une des femmes de ménage, Suzanne, qui l'a découvrit un peu plus tard dans la journée. Mais il était déjà trop tard...
J'aimais aussi beaucoup Suzanne. Elle me donnait des bonbons quand j'étais petit et m'aidait pour les devoirs. Elle s'éclipsait souvent dans le bureau de mon père mais à cette époque, je ne pouvais pas comprendre.
Quand j'eus neuf ans, Suzanne et mon père se marièrent. Elle devint plus que ma professeur, ma complice et ma camarade de jeu. Ma Belle-Mère. Je pensais réellement à neuf ans, qu'elle pourrait prendre la place de ma mère. Je ne peux pas dire qu'elle est changé au fil des années car c'est plutôt moi qui grandissait...Qui allait à la fac... Qui draguait les filles. Et qui buvait comme un trou sans savoir quoi faire de ma vie. Cette période, à présent, me parait si loin. Mais je ne peux pas oublier qui j'étais. J'étais ambitieux sans trop savoir quoi faire de mes dix doigts. J'avais envie de tout et savais que je pouvais tout avoir. L'argent et le temps... Je n'en manquais pas. Je n'ai pas de frères, ni de sœurs, pas même depuis la mort de ma mère et le remariage de mon père. J'étais unique. Et foutrement conscient que cela était à mon avantage.
La vie devant moi.
Puis un jour, il a fallut se réveiller. A l'âge de dix-neuf ans, il me fallait choisir quoi faire. J'en avais marre de traîner dans les bars, de boire, de baiser, de foutre mon argent par la fenêtre. Ma réputation n'était plus à refaire. J'étais jeune et putain... Qu'est-ce qui m'a prit de vouloir arrêter tout ça et de me mettre à travailler ? L'envie d'être responsable ? De devenir "adulte" ?
Connard...
Mais même riche, je n'avais aucune diplôme. La seule chose à ma portée, sans être trop "en dessous de mes principes", c'était l'armée.
J'étais fort, j'étais rapide et je savais fermer ma gueule. Voilà pourquoi ils m'ont tout de suite accepté. Le cercle vicieux de l'alcool, la baise et la flegme m'a pourtant rattrapé car sans guerre, nous n'étions que des soldats en attente. Et un soldat célibataire qui passe sa vie dans sa cellule... C'est l'alcool et la baise.
Je viendrais pas me plaindre. C'était pas si mal. Mais forcé de constater que je commençais à me lasser et à me demander si je n'allais pas reprendre des études. Hmmph... J'aurais sans doute recommencer à faire des conneries si j'avais fait ça... Mais je n'en eu pas l'occasion car les tensions entre pays reprenaient. La guerre arrivait. Et une proposition me fut faite.
" Acceptez-vous de participer à un projet top secret ?" Bien-sûr que j'accepte ! Je suis un putain d'optimiste ! Je vais pas dire non à ta face de rat binoclard qui sourit d'une manière perverse ?
Et on m'a mit un papier dans la main me stipulant de me rendre dans les laboratoires de la caserne. Alors je l'ai fais... J'y suis allé, me suis fait droguer.
Ne me suis même pas alerté aux bruits d'animaux dans mon dos, aux cris effrénés d'un chien pris au piège...
Ouais, je sais, je bâcle mon récit mais voyez-vous... C'est pas la partie que je préfère. Les détails sont sordides, que voulez-vous...
Ils m'ont attachés sur une table en ferraille dégueulasse qui puait la mort.
"- Soldat, première classe WOLFGANG ?" me dit-on.
Je ne sais même plus si j'ai répondus à mon nom ce jour-là. Je me souviens du rire jaune qui se balançait au dessus de ma tête;
"- WOLFGANG !! Comme c'est amusant. Tellement amusant que ça en devient ironique, voyez-vous !"Qu'est- ce que mon nom avait d'amusant ?
[...]
J'ai du mal à y repenser. C'est si proche et si loin à la fois. J'ignore si c'est un souvenir refoulé ou si j'étais vraiment trop drogué pour pouvoir l'expliquer avec clarté. Je me souviens que la pièce était sombre. Putain de sombre, si vous saviez... Je me souviens de la douleur. Elle était atroce. Elle se mouvait dans mon corps comme un serpent enragé et m'enserrait comme pour me bouffer.
Je me souviens d'avoir chialé. Ça, oui. Je crois même que j'ai supplié. Mais de ça, j'en suis moins sûr. Je ne sais pas si je suppliais ou si c'était quelqu'un ou quelque chose d'autre qui hurlait de manière stridente.
Quand je me suis réveillé, plus tard, beaucoup plus tard... En fait, je ne sais pas si c'était tard ou pas tard, bordel ! Je sais juste que quand je me suis réveillé, un mec m'attendait patiemment devant la porte de ma cellule. MA cellule. Celle dans laquelle je me trouve aujourd'hui et qui n'a vraiment rien à voir avec celle d'avant. Une cellule sordide. Une pièce digne d'être celle d'un prisonnier. Meurtrier. Violeur. Psychopathe. Peu importe, mais tout, sauf moi.
Je n'avais même pas tué quelqu'un à l'époque. Et je n'ai certainement jamais eu besoin de violer une nana pour qu'elle vienne à moi.
Bref... Il m'attendait l'autre con. Il m'attendait comme si j'étais un fardeau et qu'il fallait vite en finir car il avait d'autre chose à faire.
Il m'expliqua vaguement que j'avais participé de mon plein gré à une expérience top secrète dans un but militaire.
"- J'ai fais quoi ?
- Tu as accepté de participer à l'expérience, dite "Pleine Lune". Les laborantins ont fusionnés ton ADN à celui d'un loup afin de faire de toi un... Une... Un sur-homme. Tu es la tentative n°..." Il étouffait ses putains de bâillement devant moi en tournant et retournant sa feuille sous ses yeux.
"- La tentative N°129. Tu apprendras à te servir de tes nouvelles capacités et tu recevras bientôt un ordre de mission. Je dois à présent te lire tes droits et devoirs..." Il me scrutait réellement pour la première fois de la tête aux pieds alors que j'essayais de contrôler ma respiration devenue saccadée. Je paniquais et sentait une source d'adrénaline monter en moi.
"- Soldat Première Classe WOLFGANG, vous êtes démis de vos fonctions. Votre nom n’apparaîtra plus sur les fichiers administratifs et vous êtes à présent déclaré comme mort. Vous avez le devoir de garder cette information secrète. Vous avez le devoir de répondre à un ordre de mission peu-importe sa nature. Vous n'avez pas le droit de contacter votre famille. Vous n'avez pas le droit de sortir de votre cellule tant qu'aucune demande ne vous en été faite. Et vous avez le droit..." J'avais définitivement bloqué sur le mot "mort".
Mort. Mort. Mort. Mort. Mort..... Il continuait à parler sans cesse, en levant les yeux sur l'horloge au dessus de ma tête. Je me retournais aussi pour contempler la grande aiguille. J'étais estomaqué à l'idée de rester ici toute ma vie sans pouvoir renseigner mon père. J'avais été berné. Et cela ne semblait pas les gêner d'avantage.
[...]
Hmph... A vrai dire je n'ai pas entendu ce jour-là tout mes droits et devoirs. Il faut dire que son aspect général, à ce type, me dégouttait au plus au point. Imaginez vous en train de perdre peu à peu la boule devant son ton flegmatique...
C'est ce jour-là, que j'ai tué pour la première fois.
Je l'ai attrapé par la gorge. Avec mes dents.
Et je l'ai saigné jusqu'à ce que qu'il la ferme. Et j'ai levé les yeux devant moi... Le reflet de la fenêtre souterraine me renvoyait mon image; J'étais horriblement poilu et j'avais des oreilles pointues au dessus de ma tête. Mes canines dépassaient du cou de ma victime. Mon nez était allongé et ne ressemblait pas vraiment à celui d'un homme mais à celui d'un loup.
J'étais... Enfin, je suis un... Je suis un loup-garou.
[...]
J'en rie encore. Putain que j'en ris, c'est trop drôle. Ça fait neuf ans, mais je ne me suis toujours pas habitué à penser ça.
J'ai malgré tout suivi les ordres. Que pouvais-je faire d'autre ? ILS avaient pardonnés mon crime sur ce connard flegmatique car ILS disaient que c'était "le choc". Le boum !
BOUM ! C'est un choc....
Non, ça c'est pas un choc bande de put...
C'est une vie.
MA VIE !!!Ils n'auraient pas tolérés que je tue d'autres militaires. Ils m'auraient tués et auraient sacrifiés un autre petit con.
D'ailleurs, je ne suis pas le seul dans mon cas à être devenu une chimère. Je suis juste le seul de mon espèce. Je suis aussi le seul qui continu à fermer ma gueule et à exécuter les ordres, c'est pourquoi ma cellule est devenue au fil des années un petit peu plus confortable.
Mais mon esprit...
Mon esprit est mort.
Ça fait neuf ans qu'on m'envoie au dehors de cette cellule pour tuer des gens. Et ça fait neuf ans que je reviens.
Pourquoi ?
Parce que je suis l'oméga.
Le loup qui mange les restes.
Je deviens cinglé au fil des années. Je ne regarde même plus les gens que je tue. C'est seulement quand je reviens ici, dans cette pièce miteuse, que je m’assoit dans mon lit de fortune, que je lève la tête et me dit...
"- C'était qui ?"