Rien n'était net. Un mélange de couleur, de tâche de peinture qu'un artiste aurait disposé de façon aléatoire pour un oeil non-avisé sur un tableau à la longueur infinie. Ensemble, elles formaient une sorte d'ambiance. Aucune forme connue ne semblaient en ressortir, mais leur union donnait vie à quelque chose d'intéressant.
Mais tout n'était pas aussi poétique. Certes les couleurs douce et pastelles étaient présente, mais elle bougeaient. Elle se mouvaient dans tous les sens,, accompagné d'une sensation de douleur. Que se passait-il ? Où étais-je atterrit ? Etait-ce un rêve ? Pourtant la douleur était bien présente, et elle se faisait de plus en plus intense avec les secondes. Bientôt, les couleurs se précisèrent, s'arrangèrent de façon logique et des formes apparurent. Un toit... une porte... et bientôt une pièce entière. Entièrement faite de bois et vide. J'étais seule avec comme seule lumière, les faibles rayons de soleil qui parvenaient à traverser les ouvertures des murs.
Je tentai de bouger, mais mes mains persistèrent à rester dans mon dos. Je sentis gentiment le froid envahir les parties de mon corps qui étaient en contact avec le sol. Couchée par terre, les mains ficelée dans le dos, je commençai à comprendre un peu mieux ma situation. Et elle n'était pas des plus agréables. Un sentiment de peur me prit instantanément. Le stress tenta de s'emparer de mon coeur, mais je pus au prix d'un grand effort garder mon sang-froid.
Les souvenirs.... il fallait que les souvenirs de ma capture me reviennent. Serrant les dents, je fermai les yeux pour mieux me remémorer ce qu'il s'était passé avant que je perde connaissance. Je me souvins avoir eu une conversation avec Kazu à propos de l'exiologie. Oui c'était ça, il m'avait parlé d'une connaissance à lui qui en savait un rayon sur cet art et il m'avait proposé de le rencontrer pour améliorer mes aptitude. J'avais alors pris le train pour rejoindre le nord de la ville. Et après... Malgré la douleur qui commençait sérieusement à se faire sentir au niveau de ma tête, je forçai ma matière grise à retrouver au fin fond de ses entrailles les bribs de souvenir qu'il me fallait pour comprendre. Bientôt, une nouvelle image s'afficha dans mon esprit.
Une maison, de la neige, mes mains appuyées contre un mur, et deux hommes discutant non-loin de moi. Oui ça me revient, il avait une discussion bizarre et je m'y étais par hasard intéressée. Mais je ne pus pas longtemps y prêter attention car...
Un éclair sembla me traverser le corps quand je compris enfin le pourquoi de ma situation. Les yeux grand ouverts et la gorge sèche, je réalisai la gravité de mon état. Au même moment, j'entendis deux voix. Je tentai de me concentrer sur elles pour obtenir plus d'information sur mes détenteurs. Mon cerveau me faisait mal et mon coeur tambournait ma cage thoracique, je le les ménageaient pas,mais qu'importe, ils devait encore tenir un moment.
Il faut la tuer tout de suite, sinon la mission risque d'être compromise
C'est vrai, mais on fait comment ?
La mer est une sacrée tueuse, laissons-là faire le boulot.
T'as raison hahaha
Et tout ce que j'entendis encore furent deux rires sinistres. J'étais fixé. C'était soit je m'échappe, soit je mourrais. Dès lors alerte, je regardai autour de moi, et la faible lumière qui m'était disponible m'accorda de voir un clou planté dans une planche de la paroi. Mes membres étaient engourdis, mais je n'avais plus le temps de m'attarder sur ce genre de détails, alors je fis fi des courbatures et rampai jusqu'à la paroi et me hissai en position assise.
Le sol était froids et me râclait les mains. Ma tunique se déchira par endroit. Ma mine afficha une grimace de douleur au contact de mon corps avec la paroi qui était loin d'être lisse. Une épine se planta même dans ma paume quand j'utilisai le clou pour me défaire de mes cordes. Je voulus crier, mais me retenu en me pinçant les lèvres. Une fois mes mains libres, je retirai d'un coup sec l'écharde, pinçant un peu plus mes lèvres pour supporter le mal en silence. En appuyant mes doigts contre la paume, je sentis un petit liquide sortir. Je saignai. Rapidement, je fouillai dans mes poches et je trouvai une petite bande que je m'appliquai sommairement.
Le temps pressait. Je me levai et restai immobile pour tenter de repérer un bruit potentiel qui indiquerait que quelqu'un traînait encore dehors. Je me forçai à rester ainsi une bonne minutes, à me concentrer sur le moindre son qui pouvait provenir de l'extérieur. Fermant les yeux pour me focaliser sur l'ouïe, je n'entendis que le bruissement des arbres sous l'effet du vent. Super, la voie semblait libre, du moins en me fiant à mon ouïe. Fouillant dans mes poches, je sentis que ma potion de régénération était toujours en ma possession, et il me restait cinq seringues à mes jambes. J'allais devoir me battre avec ça.
Je progressai à tâtons, sentant avec mes mains la paroi à la recherche d'une ouverture. Bientôt, mes mains m'indiquèrent la présence d'une poignée en fer. Je tentai de l'ouvrir, mais comme je m'y attendais, elle résista. Encore un obstacle que je devais résoudre grâce à ma matière grise. Je ne connaissait aucun mouvement d'alchimie me permettant d'endommager la porte, et aucune de mes mixtures n'allaient pouvoir m'aider.
Mais tout à coup, mon oreille me signala qu'elle avait détecté quelque chose. Un bruit de pas, des murmures, bref, on s'approchait. S'ils me découvraient ainsi détachée, ça allait mal se passer pour moi. Il ne me restait qu'une seul solution: attaquer la première. Un frisson me parcoura le corps à cet instant. Je sentis des gouttes perler sur mon front et mon coeur accéléra la cadence. Moi, Inaku, j'allais devoir me battre, et seule cette fois, car il était clair qu'il n'y avait personne loin à la ronde pour venir me porter secours. Ici, pas de Malagan qui arrive au moment importun pour me libérer des entraves du mal. Non, maintenant, je devais défendre ma vie et m'en sortir par moi-même.
La respiration sacadée, je profitai du laps de temps pour sentir ou étaient les gonds de la porte et me plaçai de façon à pouvoir me cacher derrière la porte au moment de l'ouverture. J'avalai difficilement ma salive en attendant le moment fatidique. D'une main tremblante, je sortis une seringue, avant d'entendre le claquement du locket. Respirant profondément, je vis la lumière s'infiltrer dans la pièce, et une ombre entrer. Encore un peu, encore un peu...
Je vis enfin le corps de celui qui avait ouvert la porte et il remarqua bien vite que je n'étais plus à l'endroit ou il m'avait laissé. Sans lui laisser le temps de réagir, je fonçai sur lui et plantai ma seringue dans la jambe. Aussitôt, l'homme surpris tomba à la renverse et je vis du coin de l'oeil qu'il n'était pas seul. Réagissant in extrêmis, j'évitai en faisant un mouvement sur le coté, un poing qui visait ma tête. Lâchant ma seringue, je me mis en position de défense devant le deuxième ennemi qui ne tarda pas à se lancer sur moi.
Mettant en pratique mes leçon de combat au corps à corps, je fis preuve de la même agilité que lors de mes entraînement. C'était mon poing fort au corps à corps, et grâce à cette compétence parfaitement maîtrisée, je pus éviter l'intégralité de ses coups. Gardant toujours mon équilibre, je finis par esquiver un de ses poings en me baissant pour ensuite m'appuyer sur les mains et asséner un coup de pied dans le ventre de l'ennemi. Celui esquissa un mouvement de recul sous l'impact, mais réagit aussitôt en m'attrapant le pied pour m'envoyer contre le mur. J'émis un cri de douleur au moment ou mon corps rencontra la paroi, et retombai lourdement sur le sol. Me relevant péniblement, le souffle coupé, je vis l'homme s'avancer doucement vers moi.
Sale garce, tu vas payer pour ta tentative naïve de nous échapper.
Me tenant le ventre, je le vis s'approcher, impuissante pendant quelques instants. À peine avais-je retrouvé mon souffle, je dus encaisser un poing dans la joue, qui m'arracha un gémissement. Le choc fut rude. Grimaçant de douleur, je me tins le visage, tournant à nouveau ma tête vers lui. Le deuxième poing arriva, mais un réflexe me fit le bloquer avec l'autre main. Un déclic se fit dans mon esprit: c'était le moment !
Retenant alors sa main, je sortis un seringue, et la planter dans les côtes de mon adversaire. Avant de tenter de m'enfuir par le côté. Il m'attrapa par les cheveux avant de me lâcher et de vomir.
Sale ordure, qu'est-ce que tu m'as fait ? demanda-t-il en se tenant le ventre de douleur.
Gardant un oeil apeuré sur les deux hommes étaient hors de combat, je ne répondis rien, restant immobile quelques secondes. En réalité, en plantant ma seringue dans les côtes, le produit avait traversé la cage et touchai l'un des organes digestifs. Comme la cha'ine était perturbé par un maillon endormi, l'estomac réagissait à cette anomalie en rejetant la nourriture. Mais dans l'état de stress dans lequel je me trouvai, je ne pus sortir aucun mot. Je me contentai de courir vers la porte enjambant le premier ennemi qui tenta de me retenir par la main. Prenant appui sur mes pied, je sautai et frappai sa main qui alla cogner contre la porte. Puis sans demander mon reste, je sortis du bâtiment, en entendant.
Alerte !! Le prisonnier s'est enfui !! cria l'ennemi de l'entrée.
Devant moi se dressait une forêt plutôt dense et un chemin de feuilles mortes. Je ne réfléchis plus et courut devant moi, la peur me tiraillant le ventre. Quelques larmes perlaient sur mes joues, et la douleur au visage était insistante. Je parcouru une courte distance avant de me faire barrer la route par deux nouveaux hommes, à la carrure impressionnante. Je stoppai mes pas, esoufflée, et me préparai à nouveau à combattre, la gorge nouée.
Mais alors que le premier s'approcha de moi, il se prit une flèche dans la tête et tomba au sol. Autant surprise que le deuxième ennemi, mon regard mouillé par les larmes suivit l'endroit d'ou était apparu le projectile pour voir descendre d'un arbre, un homme plutôt mince, portant un arc à la main et un carquois dans son dos. Son opposant aboya
Kenji, qu'est-ce que tu fous !!
L'archer fit face à lui, me tournant le dos.
C'est fini Tatsuo, ton entreprise prend fin maintenant
Comment ç... SALE TRAITRE !! hurla-t-il avant de foncer contre lui.
Le dénommé Kenji banda son arc, le visage ferme et calme. Mais l'ennemi évita la flèche facilement d'un bond sur le côté avant de frapper l'archer avec sa batte dans les côtes. Surpris par le mouvement, celui-ci prit le coup de plein fouet. Il tomba au sol et se tordit de douleur.
Tatsuo le regarda d'un air hautain.
Qu'est-ce que tu croyais salopard ? Et tes copains, ils sont aussi de la fête ?
L'archer le fixa d'un air de défi, malgré la situation dans lequel il était.
Mes copains comme tu dis, ils ont fait en sorte que tes manigances s'arrêtent, et ils ont plutôt bien réussi, à ce qu'il paraît
Sa phrase fut suivi d'un deuxième coup dans le ventre. Je réagis lorsque je vis qu'il s'apprêtait à asséner un troisième coup. Attrapant rapidement une nouvelle seringue, je la lançai en direction de Tatsuo et elle se planta dans son bras avant qu'il n'atteigne l'archer. La batte tomba, suivi du bras du malfrat qui étonné, me regarda d'une façon glaciale.
Alors toi aussi, tu veux mourir ?
Rongée par la peur, je trouvai encore le courage de me mettre en position de défense pour parer ses prochains coups.
Une si belle fille que toi, mangé par des requins affamée, ça risque d'être intéressant provoqua-t-il d'un ton sinistre.
Restant bien en place, j'attendis son premier coup. Mais celui-ci ne vient pas. ? une flèche lui transerça le corps, et mes connaissances en médecine purent m'indiquer qu'elle avait touché le coeur. Après un râle de douleur, Tatsuo cracha un filet de sang avant d'insulter l'auteur de ce tir.
Kenji, sale enfoiré... tu... tu... raaa
Sur ces mots, il s'effondra. Encore choquée de la scène, je vis l'archer se diriger vers moi.
Est-ce que ça va mademoiselle ?
Le regardant encore avec la peur dans les yeux, je lui répondis d'une voix hésitante.
O...oui... je...je vais bien...
Tant mieux... vous devez être la prisonnière dont j'ai entendu parler, venez, je vais vous aider à vous enfuir.
Me sentant soudainement soulagée d'avoir quelqu'un à mes côtés, j’acquiesçai avant de le suivre. Nous courûmes quelques minutes avant d'atteindre le bord de ce qui semblait être une île. Devant nous flottait un bateau. Kenji le montra et m'ordonna de monter à l'intérieur. Je ne fis pas prier pour le faire et m'assis au volant. Mais l'archer ne me rejoignis pas tout de suite. Trois ennemis déboulèrent de la forêt.
Le bateau !! Ils s'enfuient avec le bateau !!
Kenji, montez, dépêchez-vous !!
Hors de question, fuyez, je les retiens !!
mais...
Je ne pus contester, il s'était déjà lancer dans la bataille, touchant un premier adversaire à la tête. J'hésitai une seconde à venir l'aider, avant de courir à l'arrière du bateau et de sauter sur la terre ferme. Je fonçai sur un des malfrats qui s'en prenait à Kenji et lui plantai une seringue dans la jambe. Puis sans attendre, je m'occupai du troisième qui avait reçu une flèche dans l'épaule. Esquivant son premier coup, je lui envoyai un poing dans le front avant de planter ma dernière potion dans le cou. Ainsi débarrassée des trois nouveaux opposants, je pris Kenji par la main, et ensemble, nous montâmes sur le bateau et nous enfuîmes par la mer.
Ainsi se termina cette folle aventure dans laquelle j'avais été embarquée contre mon gré. Kenji est devenu un bon ami, habitant non-loin de chez moi. Quand au groupe de malfrats, la police a investi les lieux et les a interpellé. Moi je fus juste soulagée de me savoir en vie...