Il y a des jours où je revois mon passé. Je revois tout ce que j'ai vécu et c'est ainsi que je me rend compte à quel point j'ai souffert et souri à plusieurs moments... Assise devant la fenêtre, une tasse de chocolat à la main, je regarde la pluie battante qui se fracasse sur la vitre. Cela me rappelle ma naissance. Je suis arrivée au monde en 1899 ici même, à Resembool, dans Amestris. Cet événement ne paraît pas marquant mais pour mes parents j'étais un miracle incarné. Soudain ma grand-mère arrive et s'assoit face à moi. Elle fume encore sa pipe mais je lui souris.

- Mamie, tu te souviens de ce jour où mes parents...

Elle ne fait que hocher la tête tristement et je rejette mon regard au dehors. Papa et maman étaient chirurgiens tous les deux. Ils étaient très appréciés car, peu importe la couleur de peau ou le sang, mes parents soignaient tout le monde. Lorsque j'étais petite, la Guerre Civile d'Ishbal faisait rage et ils ont dû partir. Leur rôle était de soigner les civils gravement touchés. J'étais triste et j'attendais leur retour avec tellement d'impatience. Une impatience qui grandissait de jour en jour. Il faut dire que j'étais si fière d'eux!

"Te rappelles-tu aussi de tes escapades avec Edward et Alphonse?"

Je regarde avec étonnement ma mamie et souris doucement en baissant la tête. Bien sûr que je m'en souviens! J'étais tout le temps fourrée avec Ed et Al quand j'étais petite. D'ailleurs ce pauvre Ed était la cible de ma manie à lui rappeler combien il est petit. Encore aujourd'hui il en est la cible... Puis mon sourire s'assombrit. Je me rappelle de la façon dont tout s'écroula pour moi et mes amis. Serrant ma tasse avec nervosité, je me souviens de ce militaire qui arriva à notre porte et nous annonça une nouvelle terrifiante: Mes parents avaient été tués par un dénommé Scar qu'ils avaient soigné. Folle de chagrin, j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps ce jour-là. Ma grand mère a dû remarquer que j'y pensais. Du moins je l'ai deviné en entendant ses mots.

"Tu n'es pas fautive de tout tu sais."
- Je sais... Mais au moins je t'avais!

A la mort de mes parents, mamie Pinako m'éleva seule. C'est ainsi qu'elle m'apprit les ficelles de son métier. Autant avouer qu'elle était une mécano de renom à son époque! Mais c'était avant évidemment. Je ris à cette remarque et replonge dans mes songes. Ou plutôt mes cauchemars... Je me souviens encore que même mes amis ont connu ma peine en perdant leur mère... Mais pourquoi avoir pris de tels risques? Redonner vie à quelqu'un est impossible! C'est contre les lois de la vie! Mais Ed et Al n'en firent qu'à leur tête et en reçurent le prix fort: Edward perdit sa jambe et Alphonse sa vie. Ed réussit tout de même à ramener l'âme d'Alphonse dans une armure en sacrifiant son bras mais lui était dans un si piteux état au final... Jusqu'où irait l'Homme pour ramener à la vie ce qui n'est plus? C'est une question qui mérite que l'on y réfléchisse. Mais même si je me moque souvent d'Edward...je l'estime énormément... Je peux encore voir à quel point il souffrait mais ne pleurait ou ne criait même pas alors que ma grand mère l'opérait de deux automails pour remplacer son bras et sa jambe... Je ne savais pas quoi à ce moment là... Mais j'étais décidée à l'aider dans sa rééducation! C'est ainsi que je l'ai aidé du mieux que j'ai pu durant un an. Je porte ma tasse à mes lèvres et boit quelques gorgées de mon chocolat en repensant aux disputes qu'on s'est pris par manque d'écoute de sa part. Puis ma tasse est posée sur le rebord intérieur de la fenêtre et je m'affale sur ma chaise en croisant les jambes.

- Ed et Al me manquent un peu en ce moment...
"Ils reviendront. Ils sont toujours revenus."

Mamie a raison. Quand ils sont partis en brûlant leur maison d'enfance, j'étais triste de les voir nous quitter mais je les soutenais dans leur rêve. Je savais qu'ils voulaient retrouver leurs corps. Et au fond de moi je savais qu'ils y arriveraient. Puis les années passèrent. Je devins mécano comme ma grand-mère et...mes deux amis commencèrent à revenir quand cet idiot d'Ed éclatait son automail au bras. A chaque fois il avait la meilleure des punitions: une clé de douze sur la tête. Soudain je me lève et souris en regardant dehors.

- Il ne pleut plus!

Toute joyeuse, je sors en courant et profite de ce soleil si réchauffant. Mon passé m'a fait pleurer mais l'avenir me tend les bras! Je sais que mes amis trouveront ce qu'ils recherchent et je les soutiens encore! Regardant le ciel, je souris de toutes mes dents et redescends les yeux en entendant mon nom.

- Edward! Alphonse!

Oui... Je vous soutiens mes amis... Où que vous alliez je vous soutiendrai toujours par amitié... Et ce pour la vie!