Le soleil déclinait peu à peu sur l'horizon, le froid commençait à envahir la capitale, mais la beauté du temps ne s'était pas encore fanée. Heureusement d'ailleurs, puisque seule celle-ci permettait d'oublier les horreurs promulguées par l'armée qui y logeait. Une brise légère s'était levée, tandis que la jeune femme à la chevelure flamboyante flânait le long des rues. Elle semblait comme venir d'un autre monde, sa petite robe blanche d'été décorée de fleur voletait sous la brises, et accrochée à son épaule, l'étui d'un violon. Elle ne semblait pas avoir d'âge précis, une jeune femme, encore partagée entre l'adolescence et l'âge adulte, un corps adulte pour un visage bercé d'innocence. Elle apparaissait radieuse, avec son immense sourire de madone collé sur ses lèvres, cependant, la grande balafre sur sa joue semblait lui rendre un petit coté sauvage.

Elle ne semblait pas vraiment pressée, et pour cause, sa démarche était gracieuse et nonchalante, à croire que seule sa joie de vivre la guidait en ce jour. En revanche, les rares personnes qu'elle croisait paraissaient surprit de la croiser, ou encore ébahit, et elle dut, à plusieurs reprises, s’arrêter pour signer quelques carnets et photos d'elle-même. Une idole, plus précisément, l'idole du moment, la grande multi-instrumentiste, grande gagnante du conservatoire, Chiara Williams. Quelques fillettes la regardaient passer de loin, et l'admiraient, mais la dame ne semblait même pas les voir. Elle était trop occupée à chercher quelque chose. Mais quoi? Un lieu, précisément, un lieu paisible et agréable, dans lequel elle pourrait à nouveau user de son art sans être obligé d’interpréter des morceaux choisit par son manager. Un lieu calme où elle pourrait enfin être elle même.

Ainsi, ses pas la guidèrent lentement mais surement jusqu'au parc, un lieu qui regorgeait de souvenirs, parfois triste, parfois heureux. Elle se souvenait d'avoir accusé le jeune alchimiste d'être fautif de sa soudaine croissance, puis de s'être promenée en compagnie de Alois lorsqu'elle allait mieux. Elle se rappelait aussi y être passée en compagnie de Lyl, lorsque celui-ci était dans le coma et qu'elle le transportait dans ses appartements. Cette nuit-là, elle l'avait sauvé, quand bien même il n'était plus conscient depuis tout ce temps. Au bout de quelques minutes, elle passa le petit portillon, et se laissa marcher un temps jusqu'au banc le plus proche, ignorant que sur celui d'à coté, un homme tentait en vain de dormir. Doucement, elle déposa l'étui de son instrument sur le rebord, et l'ouvrit, dévoilant un superbe violon en acajou et son archet. Elle prit l'instrument avec douceur et le posa contre son épaule, avant de se saisir de l'archet et de le glisser sur les cordes. Une longue plainte s'échappa de l'instrument, suivit de deux accords harmonieux.

Elle lançait la sonate au clair de lune.