Si cette journée avait été riche en émotion, elle se montrait tout aussi avare en information sur notre cher militaire. J'avais, bien entendu, découvert certaines choses à son sujet, mais pas grand-chose de direct, qui viennent de lui même. Ainsi je restai un peu sur ma faim, mais soit je comprenais qu'il faudrait attendre afin d'en savoir plus sur cet homme intriguant. Suite à ma question, je m'attendais à un discours très carré sur des objectifs de paix et de liberté tel que tout homme d'ambition un peu naïf dévoile. Une fois de plus, que nenni. C'était sûrement ce dernier adjectif qui pêchait car de tout ce que Roy pouvait être, j'avais du mal à l'imaginer naïf. Tout de même je trouvais cette réponse un peu facile. Cette réponse sous forme de question voulait me pousser à croire que quoi que cela puisse être, nos pensées allaient dans le même sens, mais comme il se gardait bien de les évoquer directement, il était impossible de le savoir réellement. C'était comme un ami qui arrivait à vous convaincre de lire un livre sous prétexte que lui a aimé, sans jamais vous parler du contenu. J'avais envie de renchérir, mais mon instinct me criait que ce n'était vraisemblablement pas le moment et que je n'obtiendrais rien de plus si ce n'est de l'agacement. Toutefois, son regard de flamme laissait pressentir toute la grandeur de ses ambitions ; peut importe ce qu'il avait en tête, il était déterminé et ça, j'aimais bien. Les ambitieux se retrouvent souvent dans le camps des vainqueurs, et si je peux m'immiscer dans ce groupe également … et bien je n''allais pas cracher dessus !

Me rasseyant, avec plus de grâce que ce que j'en avait fait par tout au long de cette journée, de manière convenable. Je laissai planer un petit instant de silence, observant mon interlocuteur. Cette vague émotionnelle ne semblait pas l'avoir secoué autant que moi, mais il y avait quelque chose en plus dans son allure. Comme s'il était .. content ? C'était à la fois étrange, et rassurant. Au moins je ne me sentais pas en danger. Finalement, Roy se leva et s'empara d'objets dont le tintement réveillait mon foie. Le regardant servir deux verres, je me demandais bien ce que pouvais contenir cette bouteille qu'il avait en main. La plupart des hommes ne le savent pas, mais il y a deux chemins vers le coeur d'un femme : à travers son estomac, ou à travers son foie. Bon, pour la deuxième partie cela m'étais peut être personnel, mais soit. Je me demandais aussi quel était le sens de ce geste. Avait-il peur que je me brusque face à cette réponse très maigre ? Il en fallait bien plus pour m’effrayer mon grand !

La couleur de la boisson était assez inédite, mais je ne me fis pas prier lorsque l'on me tendis le verre. Cette odeur aussi était assez particulière, mais rien d'assez fort pour me retourner l'estomac. Je le remerciais pour cette attention délicate, et après avoir humé attentivement la boisson, leva le verre au niveau de mes yeux avant d'engloutir son contenu d'une gorgée. Le verre était plus grand, mais la contenance était identique à celle d'un shooter, et de là où je venais, c'était ainsi que l'on trinquait. Le goût était assez particulier, et bien qu'il ne fut pas très fort je n'aimais pas spécialement ce goût.

Je posai le verre sur la table tout en me levant. Ce n'est pas que je n'appréciais pas sa compagnie, mais il allait être difficile maintenant d'obtenir quoi que ce soit de cet entretien que ce soit sur le plan personnel ou ''professionnel.''. Et puis comme on dit, « toute les bonnes choses ont une fin » et ainsi, comme ma présence était une de ces bonnes choses, il fallait bien que je me retire.

«Soit, je comprend. Je mettrais votre silence sur le compte d'un début de projet, où l'on souhaite rester le plus secret possible. Je me trompe sûrement, mais je ne pense pas me tromper sur vous. Ainsi, si vous avez besoin de mes ''services'' vous savez où me trouver. Ce fut un plaisir de s'entretenir avec vous, cher colonel. Oh, et encore merci pour le verre. Je vous aurai bien proposer de venir en prendre un a l'extérieur avec moi, mais je suppose que votre travail vous donne d'autre chat à fouetter. »

Tel une jeune princesse, je me laissai raccompagner à l'entrée. Une main dans la poche, et contrairement à ce que Roy devait s'attendre, je lui tendais une main. C'était sûrement la seule poignée qu'il aurait de moi, mais cela permettait de symbole notre ''accord'' professionnel s'il existait une telle chose. J'avais aussi pris la liberté de laisser glisser une carte dans la paume de sa main. Celle-ci symbolisais un joker. Peut être que lui, ne saurait déchiffrer le sens de mon geste, où le pourquoi de cette carte, mais il y aurait sûrement un jour où cette petite chose se révélerait d'une grande utilité. Ainsi tournais-je le dos à cette journée et fis mes premier pas en extérieur depuis. Après ce qu'il venait de ce passer, je n'avais qu'une seule envie : boire un coup.