Nora s'était levée du mauvais pied ce matin. Il faut dire que depuis son altercation les cauchemars la harcelaient, chaque nuits durant. Elle revoyait ce loup, montrant les crocs derrière son sourire sardonique, elle se ressentait chien, aboyant en vain contre la bête immonde qui ne tarderait pas à la dévorer. Toutes les nuits étaient pareils, dès qu'elle fermait les yeux. Le matin la cueillait dans son lit de sueur froide et de crainte et elle n'arrivait plus vraiment à sourire franchement.
L'homme qui l’hébergeait commençait à se faire du soucis pour elle, lui conseilla de trouver un travail, mais elle ne trouva rien. Rien qui ne puisse la faire sortir de son état d'angoisse constant, rien qui ne puisse lui prouver qu'elle fut en sécurité.
Jusqu'à ce jour. Un coup de fil, un général voulait la voir. Elle se douta sans qu'on eut besoin de lui dire que cela s'agissait de l'affaire. Elle était une des seules personnes à en être sortie vivante, son témoignage était essentiel. Elle s'en doutait. Mais elle aurait aimé que l'armée s'intéresse à elle autrement que pour son seul témoignage, elle savait qu'au fond, pour eux, sa vie n'avait aucune importance. Qui elle était, ce qu'elle ressentait... Ils s'en foutaient tous. Tous sauf Mustang, elle en était certaine.

Voilà pourquoi elle se trouvait devant le bureau de Raven, les cheveux en bataille et l'air bougon. Lorsque la porte s'ouvra, elle entra, remettant rapidement en place sa simple chemise blanche. Elle portait aussi une chemise blanche lors de son altercation... Mais force fut de constater qu'elle ne pourrait jamais être remise. C'est que cela tâche le rouge.
Le militaire qui l'avait escorter s'en alla, laissant seule Nora et le général Raven. La jeune fille, après avoir longuement laisser planer son regard dans le bureau se concentra finalement sur le grand homme. Oui, grand il l'était, du moins bien plus grand que Nora. Son teint mat contrastait avec ses cheveux et sa barbe blanche, mais malgré son sourire amical, la jeune femme ne put s'empêcher d'être méfiante à son égard. Il alla s'installer sur son fauteuil.

" Bien le bonjour Mlle Souames, merci d'être venue, je vous en prie asseyez-vous. Si je souhaitais vous rencontrer, c'est, car j'ai appris par la voix de mes subalternes que vous aviez été impliquer dans une histoire avec un tueur en série que nous traquons depuis quelque temps. J'aimerais que vous me racontiez si c'est possible, ce que vous saviez, en même temps, je dois admettre que quand j'ai appris que c'était vous, j'ai voulu vous voir aussi, car vu que je connais votre père, il aurait été impolie de ma part, de ne pas rencontrer sa charmante fille, mais dites moi en même temps comment va ce vieux filou ? "

Comme si tu en avais quelque chose à faire de lui... pesta-t-elle en son for, ou de moi.
Mais elle obtempéra et alla s'asseoir en face du bureau. Après tout avait-elle d'autre choix que de répéter cette histoire en boucle ? Elle la voyait assez dans ses rêves pour avoir mémoriser chaque détails... Son inconscient du moins. Car elle, en l'état, ne pouvait dire que les grandes lignes.
Sans pour autant se départir de son regard sombre et noir, elle tenta de parler d'une voix calme qu'elle ne maîtrisa pas et sembla plus sec qu'autre chose :

" Bonjour. commença-t-elle, je suppose qu'il va bien, sûrement pas grâce à vous d'ailleurs. Il m'a souvent parler du colonel Mustang et de l'alchimiste Kimblee mais jamais de vous... Vous ne devez pas l'avoir beaucoup marquer. "

Elle ne s'était pas rendu compte immédiatement de ses propos, n'avait pas mesuré à quel point ils pouvaient être acerbes et mal prit... Elle se revoyait soudainement lors de sa jeune adolescence, avant d'arrêter définitivement l'école. Là où sans le vouloir elle manquait de respect aux professeurs, uniquement car elle était sur la défensive.
Oui, elle était en ce moment même tendu et sur la défensive. Ce Raven ne lui inspirait pas confiance et elle qui avait toujours idéaliser l'armée ne se sentait pas soutenue par celle-ci.

" Bon, ne tournons pas autours du pot vous voulez bien ? Posez moi vos questions et j'essaierais d'être crédible quand je ferais semblant d'y répondre. "

Elle croisa les bras et lui envoya un regard noir. Comment se faisait-il que ces incompétent n'ai toujours pas arrêter le tueur ? Elle avait failli mourir et eux continuaient de patauger dans la semoule. Elle n'aimait pas ça, n'aimait pas être ici, elle avait l'impression d'être menacée, partout, mais surtout ici. Elle aurait aimer rester chez elle... Ou bien que ce soit le colonel Mustang qui l'interroge car il était le seul en qui elle avait confiance.

" Je peux comprendre que vous soyez fâcher à l'idée que pour la énième fois, on vous demande de raconter l'histoire. Articula le vieux général après un fou rire, Seulement, voyez-vous, il y a pas mal de soucis ces derniers temps, dans notre pauvre pays et le fait est qu'il n'y a pas assez de militaire pour s'occuper de tout ce qui se passe, c'est pourquoi voyez vous, je me retrouve a devoir vous interroger moi aussi, car si le moindre indice que vous pourriez fournir, pourrait nous mettre un peu plus sur une piste cela permettrai l'arrestation du tueur ou du moins de faire en sorte qu'il arrête de nuire. "

Il s'était levé, observant la fenêtre du Q.G, dos à Nora, il ne pouvait pas voir son expression de rage profonde. Il avait rit, se moquait-il d'elle ? Elle ne le savait et pourtant elle ne pouvait s'empêcher d'être furieuse à cette idée. Elle était sensée le blessé lui, pas l'inverse.
Et comme tous les autres, il l’abreuva de paroles creuse. Il n'y avait bien que le colonel Mustang en qui elle avait vraiment confiance maintenant, tous les autres lui faisait l'effet de menteurs. D'autant plus qu'elle le savait, elle serait bientôt des leurs. Ce ne serait qu'une question de temps. Allait-elle se mettre à mentir ? Allait-elle seulement réussir ? Elle ne le savait pas.
Le général Raven finit par reposer son regard sur la jeune Nora, se retournant, il se dirigea vers son bureau et s'y assit. Il reprit alors calmement sa logorrhée :

" Bien, mes questions ne seront pas compliquées, je voudrais avant tout savoir, si vous avez pu voir votre agresseur, avait t'il un élément particulier, un tatouage, un auto mail, ou que sais je d'autre. Aussi esse que le meurtrier vous a dit quelque chose, et aussi dans quelle circonstance s'en est t'il prit à vous ? Comprenez que cela peut être utile pour trouver des lieux où il pourrait tenter d'attaquer de nouveau. Mais après je peut comprendre que vous ne souhaitiez pas en parler, dans ce cas nous pourrions parler d'autres sujet. "

Elle lâcha un soupire agacé, amplifié par son exagération naturelle en détournant le regard, les bras toujours croisés. Ce militaire devait comprendre qu'elle en avait assez, aussi il fallait faire passer le message par toute la gestuelle possible. Elle reposa ses yeux sur lui, tous ses gestes étaient saccadés, concis, témoignant de son énervement.

" Arrêtez de me ménager, monsieur, je sais bien que vous ne m'avez pas fait venir pour discuter de la pluie et du beau temps. Vous voulez que je vous raconte tout ? Je veux bien, mais sachez que mon cerveau aime à oublier des détails. "

Autrement dit, elle savait elle même qu'elle était incapable de tout retranscrire. Mais elle n'allait pas non plus y mettre de la bonne volonté, cela se voyait à son visage. Elle s'avachit dans son fauteuil, ayant cette attitude détestable d'adolescente contrariée.

" Il était plus grand que moi, mince, cheveux blancs mais n'avait rien d'un ishval, ses lèvres étaient ciselée de cicatrices, il en avait une autre au cou... Et je l'ai mordu là, aussi. Il avait un automail au bras, semblait mentalement instable. Il m'a attaqué pour s'amuser parce que j'ai croisé sa route, il n'a pas essayer de me voler. "

Elle résuma le tout comme un robot, mécaniquement et sans y mettre la moindre émotion si ce n'est son regard continuellement sombre. Puis elle se pencha légèrement en avant, vers le général.

" Vous voulez les détails de l'agression peut-être ? Savoir comment il s'est défendu et comment j'ai répondu ? Et ne vous perdez pas en palabre inutile, je n'ai pas tout mon temps. "

Le regard du général se plongea dans le sien. Un sourire nouveau s'étira sur ses lèvres, un sourire qui ne plus guère à notre jeune alchimiste; il était cruel. Elle ne s'y attendait pas, pour être tout à fait honnête elle était persuadée qu'elle le verrait s'énerver, perdre patience et la sortir du bureau. Mais ce ne fut pas le cas et il se contenta de lui répondre :

" Et bien ma foi, on ne peut vous retirer le fait que vous êtes franches. Vous n'avez pas tout votre temps dite vous, sachez que l'armée non plus ne la pas. Seulement, il nous faut réunir des indices pour agir, on ne peut pas le faire à notre guise, alors vu que vous proposer si gentiment de me donner les détails faites, après sachez aussi que je ne vous retiens pas, si vous souhaiter partir et laisser ce tueur en liberté faire plus de mal encore n'hésiter pas surtout, vous savez où se trouve la porte de mon bureau. "

Il se mit dans son siège et observa la jeune alchimiste qui resta quelques secondes bouche-bée. Mais elle se ressaisit vite et croisa les bras, fronçant un peu les sourcils. Évidemment qu'elle voulait qu'on arrête ce tueur, elle comptait y contribuer un maximum. Mais elle n'aimait pas les questions, cela la tressait, surtout compte tenu du peu de temps entre l'agression et maintenant. Pourtant, elle prit sur elle pour ne pas se montrer agressive et tenta de lui résumé avec le plus de détail possible ce qu'il s'était passer. Inutile de répondre concrétements aux propos du général, il avait dors et déjà dut comprendre comment Nora fonctionnait. Dans la provocation, mais une fois remise à sa place, elle se montrait toujours assez docile.

" Il avait une très bonne maîtrise de son corps et savait très bien se battre. J'ai été surprise par sa tolérance à la douleur... C'était comme si plus je le frappais, plus ça l'excitait. Je ne pense pas qu'il agisse de jour, puisque je l'ai croisé la nuit. Il ne doit pas être stupide, bien qu'il soit imprévisible. Il a d'abord voulu m'étrangler, je crois. Puis il semble aimé ce qu'il fait... "

Elle avait accompagné sa parole de diverses gestes, sembla réfléchir encore pour voir si elle n'avait pas oublié des détails mais finit par soupirer. Que pouvait-elle dire de plus de toute façon ? Elle avait déjà répéter l'histoire des centaines de fois et aucun détail ne lui revenait.

" Demandez, si vous avez besoins d'info' plus précises... "

Elle s'avachit dans son siège, sûrement que si Raven lui posait des questions plus précises, elle pourrait se rappeler certains détails. Mais pour le moment, de but en blanc il était dur pour elle de se souvenir correctement des choses. D'autant plus que ce fut une expérience dont sa mémoire aurait aimé se débarrasser. Peut-être ne ferait-elle pas de cauchemar si elle avait oublié. Mais peut-être aussi que ce tueur allait continuer à sévir, si elle oubliait.