Issue d'une famille de fermiers installée à WestCity, la cadette Redwell a passé toute son enfance aux côtés des vaches et moutons dans la propriété de ses parents. Partageant une affinité naturelle avec l'eau, Cleila s'est initiée à l'alchimie pour subvenir à sa façon aux besoins de sa famille, irriguant champs et cultures par simple transmutation. Elle découvrit les rudiments de l'alchimie aux côtés de son oncle et l'assista dans chacune de ses transmutations d'irrigation. Un fermier plein de bonnes intentions qui malgré tout ne fut pas capable d'empêcher le pire lors des quinze de sa nièce. Maladroite dans les proportions de leur supposé plus bel ouvrage, un détournement de rivière, c'est à elle seule qu'il confia cette première tâche en solitaire où elle y perdit la jeunesse de ses deux bras. Muscles et tissus adipeux de ses deux membres se vidèrent d'une trop grande quantité d'eau d'un seul coup pour combler l'équivalence manquante et ridèrent sa peau de plusieurs décénies.

C'est pourtant à l'âge de 16 ans, enthousiaste et motivée, qu'elle quitta finalement le foyer familial pour mener une vie plus dynamique en ville. Une exode qui ne manqua pas de ronger peu à peu ses liens avec la campagne pour l'assouvir aux besoins de la ville. Rush Valley fut sa première destination mais c'est à Central qu'elle fut propulsée par son mentor, définitivement incapable de lui enseigner plus que les rudiments de l'alchimie. Elle y rencontra l'ingénieur Jogan Noblon, ami de son oncle, aussi connu comme l'alchimiste polyvalent. Travaillant pour le compte de l'armée, et plus précisément pour les alchimistes d'état, c'est sans restrictions financières qu'il menait recherches et travaux sur les forces et faiblesses des éléments dits primordiaux. Un sujet qui n'effraya pas la gamine qui se rangea immédiatement auprès de lui pour devenir son apprentie.
Deux années de dur labeur s'en suivirent alors. Le deal était clair : il lui apportait connaissances théoriques en matière d'alchimie en échange de ses seuls services de servante à la maison. Pas une fois il ne la mêla à ses projets mais c'est lorsqu'elle affirma son engouement pour l'armée qu'il se décida à passer à la vitesse supérieure. Noblon poussa sa novice à rejoindre les rangs et à se servir de son fort potentiel intellectuel pour incorporer l'une des filières d'étude de l'académie. Deux années de forte influence militaire passées sous son aile la convinrent et c'est à 18 ans qu'elle rejoignit l'académie militaire de Central, en section ''Recherches et avancées militaires''. Mais parce qu'il n'envisageait pas seulement d'en faire un outil performant au service de l'état, il persista dans son apprentissage de l'alchimie. Composant nécessaire dans ses expériences, l'alchimie de l'eau de Cleila se révéla très utile. Lui-même spécialiste dans le milieu, il usa de son enseignement jusqu'à parfaire ses capacités. L'équation de son parcours pour parvenir à son niveau actuel se résume à plus ou moins 25% de transmutations ratées, 17% de réussite par ébullition alchimique, 13% de vaporisation, 8% de condensation, 11% de Kg en moins, 25% d'insomnie, une pincée de larmes et un pétage de plomb intégrale un soir de pleine lune.




Démunie de force physique en raison de ses deux bras fragiles, incapable de soulever de lourdes charges ou de se battre au corps à corps, c'est avec grande difficulté qu'elle se hissa parmi les candidats retenus. Une volonté de fer, un mental blindé et la maîtrise de l'alchimie furent ses principaux atouts. Quatre années d'études et d'investissement propulsèrent l'ancienne fermière d'élève aspirant au grade de Sous-lieutenant. Une ascension pas au goût de tout le monde puisque c'est en fin de quatrième année, lors de son examen final, que le capitaine plus ou moins misogyne chargé du jury lui rappela que ses fonctions n'égaleraient jamais celle d'un homme du même grade. Une discrimination qui mena à une transmutation simple et rapide de son interlocutrice en asséchant son cerveau pour qu'il cesse ses conneries et lui faire comprendre qu'au delà de son grade, elle était également alchimiste et se distinguait par cela de beaucoup d'hommes. Trois mois de convalescence pour le Capitaine et dix mois de suspension pour Redwell remirent les pendules à l'heure avant qu'elle ne réussisse haut la main le concours de fin d'année et devienne officiellement stratège militaire à la botte de l'armée.
Il est à noter toutefois que sa scolarité ne fut pas sans tumultes et que sa première virée pratique se solda par une confrontation musclée avec l'ennemi. Le plan d'attaque présentait une faille, l'exfiltration ne se fit pas attendre. Mais parce que le plan d'attaque présentait plus qu'une faille et était mal établi, elle se retrouva sans préavis en première ligne sous le joug drachman. Ce jour-là, les ordres s'estompèrent dans sa tête et l'esprit de survie prit le dessus. Transmutant son revolver et l'eau de sa sueur en sphère oxygénée à fragmentation, elle permit à une escouade entière de fuir sans dommages. Un fait d'arme qui lui valut une grande reconnaissance et réputation au sein du QG de Central.


Mais comme la poisse surgit toujours de paire, il lui fallu également subir les railleries puériles du colonel Mustang parce qu'elle incarnait son opposé en matière d'alchimie. Non respect de la hiérarchie ou très téméraire, c'est sans langue de bois qu'elle lui rappelait à chaque fois qu'à l'équivalence, l'eau éteignait irrémédiablement le feu. Un fait qui reste toujours à prouver puisqu'aucun duel n'a été organisé entre eux. C'est donc dès la première rencontre avec le colonel Evans qu'elle voua une admiration pour son penchant à dépasser Mustang et qu'elle promit allégeance après sa démarche de recrutement dans son équipe.


A la fois plongée dans la paperasse en bureau et actrice sur le terrain, c'est avec ambiguïté que l'on cerne correctement le statut du sous-lieutenant et avec un plaisir dissimulé qu'elle aime à rappeler qu'elle n'en réfère qu'à Evans et n'a de compte à rendre à personne d'autre. Experte dans son domaine de prédilection, Redwell n'en est pas moins une spécialiste aguerrie dans l'armée et s'applique maintenant à toujours élaborer un plan C avant de remuer sa langue sept fois et d'agir. Dorénavant virtuose des changements d'état de l'eau par transmutation, c'est avec égocentrisme qu'elle aime à se trouver des titres d'alchimistes, bien qu'elle n'aspire pas vraiment à en avoir un officiellement. Le dernier en date, l'alchimiste effervescent, reflète plutôt bien, au delà de son alchimie, la vie que mène la jeune femme récemment promue.