Pédant, hautain, prétentieux. Voici trois mots qui bien que des synonymes évoquent facilement l'idée que l'on se fait d'un fils de bonne famille et malheureusement vous ne sauriez avoir plus... raison concernant Ilbert. Né avec une cueillière d'argent dans la bouche et un monocle à l'oeil, le jeune fils de la famille Rozenthrow est habitué aux bonnes choses et sait également s'en entourer. De par son statut supérieur au commun des habitants de central, il put prétendre à une éducation qui n'encouragea pas son opinion d'autrui. N'encourageant pas l'échec parmi ses subordonnés, il ira jusqu'à recourir à diverses punition aussi humiliante que mémorable afin de bien ancrer dans leur souvenir le prix qui pour lui est synonyme de l'échec. Il est inutile de dire que malgré son éducation lui permettant de discourir sur de nombreux domaines, Ilbert fait un très mauvais leader. Incapable de s'attirer la symphatie ou la loyauté de ses hommes et percevant tout supérieur extérieur à une vieille famille militaire comme un arriviste dégrossi n'ayant droit à son obéissance que par le respect que lui inspire l'uniforme, Ilbert ne compte donc pas beaucoup de soutient au sein du bataillon. Faisant face à cette absence de sympathie avec morgue, il prend chaque oeillade déplacée comme une preuve de sa supérioté.

Mais si le jeune homme parcoure les couloirs du Qg avec froideur, il n'en va pas de même avec ses moments en ville. Ne retournant que peu dans la demeure familiale, on le trouve souvent dans les salons nocturnes de la bonne société, partageant mets de qualités et belles demoiselles, dont il raffole la compagnie, qu'elle soit ou non professionnelle.

Le beau, le fringuant, le lumineux Ilbert. Véritable coqueluche de ses dames, ou du moins s'en est-il lui même persuadé, il est néanmoins indéniable que le jeune homme dégage quelque chose, pour lui il s'agit de charisme, pour d'autre il s'agirait plus de l'aura que prodigue une enfance dans un milieu aisé où l'on apprends à viser et piétiner ce qui se trouve plus bas que nous. Du haut de son mètre soixante-dix-huit, ce brun jeune homme arbore la forme que l'on pouvait supposer chez son père près de trente ans avant, celle d'un garçon athlétique, prenant soin de cultiver son corps pour survivre aux affronts que la plèbe ne s'empêchera jamais de lui faire subir, que ce soit par la moquerie, la vue d'une bedaine bedonnante ou par justement un corps de plus bel alloi.

Jaloux des personnes qu'il surprend à paraître plus agréables au regard que lui, il parfait son apparence par une mise impeccable. Qu'il s'agisse de son uniforme ou de ses tenues civiles, on n'apercevra guère plus d'un pli même après une soirée de beuverie. Car le cousis qu'il adresse à sa mise est aussi importante que son obsession de l'image. Arborant bien souvent des tenues du siècle précédent qui attirent la risée de certains milieux à son insu, on pourra ainsi aisément le découvrir vêtu de bottes de monte, d'un pantalon de belle taille et d'une veste qui rappellerait avec aise cette lointaine époque où les conflits se résolvaient encore par l'épée.

Il était une fois...

Dans un doux royaume environné de tant d'autres. Vivait un chevalier et sa princesse. Le couple vivait heureux, le chevalier oeuvrant à la protection du royaume tandis que la princesse aidait le chevalier lorsqu'il rentrait, lui permettant d'échapper pour un temps à la dure organisation. Les deux s'aimaient énormément et de leur amour, naquit un jour un prince aux cheveux aussi pâles que sa peau. De son père le chevalier, il tenait le regard perçant que son âge ne parvenait à dissimuler et de sa mère, le petit tenait une grâce à nulle autre pareille. Occupé à devenir un bon petit garçon, le prince ne sortait que peu de la maison de la famille, sa lignée comportant de nombreux chevaliers jusqu'alors, la maison n'était pas une petite maison, mais plutôt... une belle maison !

Rapidement le prince grandit, démontrant les qualités de force de son père le chevalier et de grâce de sa mère, mais quelque chose vint interrompre la vie de ces trois individus. Dans l'est, des méchants aux yeux rouges commençaient à se relever, rejetant la lumière de la démocratie au profit d'un sombre dieu. Le royaume, dans sa grande patience laissa faire un temps, hésitant à faire la guerre à ses habitants, bien que ceux-ci aient sombré dans le mal et la cupidité, enviant les terres plus riches de leurs voisins. C'est du moins ce que l'on dit au jeune prince lorsque son père dut partir par la suite, la lumineuse démocratie ayant fait place à un plus brillant royaume encore, avec un roi si gentil que d'après le chevalier, il sacrifia son oeil pour aider à la défense du royaume.

Suite à ça les années passèrent, le jeune prince grandissant dans l'attente du retour de son père, s'armant de courage et de patience dans ses leçons tous les jours pour à terme pouvoir rejoindre son père et sauver le royaume à ses cotés. Mais jamais le jeune prince ne vit se profiler cet avenir glorieux, le chevalier son père rentra avant la fin de la guerre, les démons de l'est lui ayant pris une jambe et deux doigts, celui-ci ne pouvait continuer le combat.

Son retour se trouva difficile, d'étranges bruits résonnant dans la noirceur alors que le jeune prince se convainquait qu'il ne pouvait s'agir de son père pleurant, il s'agissait d'un chevalier, d'un brave et quelques démons n'auraient pu lui faire peur. Pour ne plus douter, le jeune homme continua d'autant plus sur sa voie, celle de son père, celle qu'il avait tracé pour lui bien avant sa naissance, car lorsque l'on né fils de militaire, alors l'on devient militaire et l'on se prépare à devenir père de militaire.

Avec le temps et l'école d'officier les illusions du jeune homme disparurent peu à peu, la guerre perdit son éclat et son attrait, son auréole de gloire à mesure que les blessés revenaient du front. De méchants les ishval devinrent des ennemis et d'ennemis ils passèrent bientôt à peuple en exil avec la fin de la guerre.

Il est possible que l'homme qu'était devenu alors Ilbert n'était plus le même qu'à son entrée à l'école d'officier, peut-être ne voyait-il plus la carrière à l'uniforme bleue comme la plus grande des gloire et peut-être le temps qu'il passe en dehors de son service, à boire et fréquenter la fine fleur de la société amestrienne et de bonne compagnie est-il un signe de ce détachement entre ses rêves de jeunesse et ses désillusions, seul lui pourrait répondre et sa première attribution dans le nord lointain n'est pas pour le rendre loquace...