Les nuages s'amoncelaient dans le ciel de Central, en cette douce soirée froide. L'air était humide, et même une légère bruine était présente. Peut-être tout cela était-il un signe de mauvais présage, pensait Ran Fan ce moment-même. Se déplaçant aussi silencieusement qu'une ombre, la jeune kunoichi cherchait frénétiquement une personne bien précise. Mais laqu'elle ? Son maître, Lin Yao qui, une fois n'était pas coutume devait s'être perdu dans les dédales de cette ville inconnue. Il fallait dire que l'architecture des villes d'Amestris était diamétralement opposé à celle de Xing. En plus d'une non-accoutumance, cela n'aidait pas pour se diriger, vu qu'ils perdaient tous les repères qu'ils utilisaient dans leur pays natale. Enfin, donc Ran Fan cherchait dans le quartier Ouest de la ville le jeune maître, tandis que son grand-père, Who s'occupait de l'Est. Il n'y avait plus qu'à espérer que l'un d'eux ne le trouve. Ran Fan n'avait pas vraiment confiance aux personnes de ce pays, et bien que Lin savait se défendre, on n'était jamais trop prudent.

Tandis que la demoiselle sautait de toit en toit, le visage caché à la fois par sa capuche et son masque de guerrier, quelque chose retint son attention. Bien sur, elle n'y voyait pas parfaitement, mais fort heureusement pour elle, elle avait une capacité naturelle à ressentir l'aura des gens, bien que cela soit d'efficacité moindre sur les personnes lambdas. Dommage, sinon, elle ne perdrait jamais son maître de vue. Enfin bref, ayant sentit une légère fluctuation, Ran Fan s'arrêta net, cherchant du regard d'où elle venait. En tournant la tête, elle vit non-loin de là un bar qui semblait fort animé. Connaissant le penchant du douzième prince de Xing pour la bonne nourriture, ce n'était pas une piste à exclure. S'approchant donc de l'entrée, la garde du corps finit par abandonner son masque. En plus du fait que le garder n'aurait pas été correcte, il pouvait attirer l'attention. Après tout, si l'ombre était refusé, il fallait choisir la lumière. C'était l'une des meilleures façons de rester le plus discrète possible.

Poussant la porte de l'établissement, l'odeur de cigarette lui chatouilla les narines, la forçant à renifler. Elle n'avait pas l'habitude de ce genre de toxine et autant dire que la sensation de cette fumée emplissant ses poumons était loin d’être réjouissante. Si on ajoutait à cela que cela puait l'alcool, ce n'était absolument pas le genre d'endroit que Ran Fan affectionnait. Après tout, l'alcool amoindrissait les réflexes et émoussait le corps. C'est bien pour ça qu'elle n'en buvait pas. Cherchant du regard la silhouette de l'héritier des Yao, elle ne le vit évidemment pas. Cela aurait été une conclusion trop belle et trop simple. Cependant, alors qu'elle allait repartir, tournant son dos aux personnes présentes, elle sentit soudain une pression sur son épaule droite. Comme si quelqu'un exerçait une pression... Non. Pas comme ci.

En se tournant, Ran Fan vit un homme d'âge moyen, avec une barbe et sentant fortement l'alcool avoir la main posée sur son épaule. Un sourire narquois sur le visage.

- Alors mignonne ? On cherche l'aventure ?

Vraiment pathétique, pensait la Xinoise. Que l'on boive, soit. Mais alors, il fallait savoir se tenir. C'est bien pour ça que Ran Fan n'avait aucune estime pour les ivrognes ; ils embarrassaient tout le monde avec leur penchant pour la bouteille. Elle eu beau fusiller l'homme du regard, ce dernier ne prit pas la peine de s'arrêter et au contraire renfermait sa prise. C'était une erreur.  Une erreur qui pourrait possiblement lui coûter ses deux précieuses. D'un mouvement souple du poignet et d'un croche-pied fit déraper son adversaire pour qu'il tombe au sol. Puis, gardant son pied enfoncé dans le sternum de l'homme, le gardant ainsi immobilisé, elle fusilla du regard la salle :

- D'autres volontaires ?

Évidemment, Ran Fan ne savait pas qu'un militaire, Alchimiste d'État de surcroît avait assisté à la scène. Restait à savoir ce que ce dernier ferait...

Rapide, simple d’exécution et avec force. C'était comme ça que la technique de Ran Fan avait été exécuté, envoyant valser le pauvre homme à terre. Aucune fioriture dans ses mouvements, seulement de l'efficacité. Après tout, cela avait été l'une des premières leçons que la combattante avait reçu de son grand-père. Pas e frou-frou, pas de complexité, simplement une technique efficace. C'était tout ce qui comptait. Après tout, si elle ne maîtrisait pas parfaitement les arts-martiaux, comment pouvait-elle prétendre protéger son Prince ? Enfin, tout cela n'avait guère d'importance car la situation n'était pour l'instant pas au pour-parler . En effet, les collègues de ce charmant ivrogne semblaient effectivement en vouloir. Non mais vraiment, Ran Fan était bien dans l'embarras, elle devait trouver son maître et la voilà maintenant en train de corriger des pauvres types.

Enfin, s'il fallait passer par ça, elle le ferait. Bras en avant, le long du corps, paume ouverte et jambe gauche légèrement en retrait. Garde de combat typiquement Xinoise. Elle compta rapidement ses adversaires : quatre. Si ils étaient tous du même niveau que l'autre demeuré, cela ne prendrait qu'une minute. Enfin, c'est ce qu'elle pensait, car en effet, un évènement incongrue pointa le bout de son nez, bouleversant ses prévisions. En effet, un homme, roux, ayant à peu près le même âge que les autre fit son apparition. Cependant, ce n'était pas un ennemi, si elle en croyait ce qu'il était en train de faire. Le roux prit la peine de gueuler sur les ivrognes avant d'en assommer un proprement, par zèle de ce dernier. Comprenant que c'était fichu, les trois restant prirent leurs jambes à leur coup. Tant mieux, Ran Fan n'aurait pas à faire couler le sang. C'est alors que l'étranger prit la parole :

- Bon, vous allez me suivre et me montrer vos papiers aussi ? Désolé de vous amener au poste, mais vous avez provoqué une bagarre dans un bar et vous m'avez gâché une bonne soirée.

Non mais sérieusement, il se prenait pour qui ce mec ? En tout cas, Ran Fan n'avait clairement pas envie de suivre cet homme et le montrait bien, de par son regard on ne peut plus expressif. Déjà, ce n'était pas elle qui était en tord mais bien les sympathiques buveurs d'alcools. Et puis, elle devait retrouver Lin au plus vite, on ne savait jamais ce qui pouvait arrêter. Sa réponse sortit alors de sa bouche tel le venin d'un serpent :

- Ce sont ses hommes qui ont commencés en voulant me violenter. Ce n'était que de la légitime défense. Je ne suis venue dans ce "charmant établissement" que pour retrouver une personne qui n'est pas ici. Maintenant veuillez m'excusez mais je vais prendre congé.

Clair et directe. Elle avait dit ce qu'elle pensait sans mâcher ses mots. Et puis elle avait raison, c'était ceux-là qui l'avaient importunés. Ils n'avaient eut que ce qu'il méritait. Quand à le suivre, il n'y avait aucune chance qu’elle accepte. Elle devait retrouver son Prince et ce n'était sans doute pas un rouquin, aussi imposant pouvait-il être qui l'empêcherait d’honorer son serment. Poussant la porte, elle remit bien en place son masque de guerrier sur le visage en quittant le bar. Il n'y avait plus qu'à espérer qu'elle ne serait pas suivit par l'homme. Dehors, l'orage grondait.