Au vu des origines de Stark Spencer, le tracé de son destin le mena bien loin de ce que l'on aurait pu prédire... Né au printemps de 1882 dans une famille aisée d'une bourgade proche de South City, le jeune Amestrien vécu une enfance paisible, bien loin du danger et de la misère que d'autres pouvaient connaitre ailleurs. C'est peut-être cette absence du contact avec la réalité du monde qui rendit le choc plus dur, mais nous y reviendrons. Pour l'heure Stark vit des jours heureux, entouré de ses parents et de son frère, profitant un maximum du bon soleil du Sud pour jouer et s'amuser.

Doué avec les chiffres et les schéma, l'enfant se prit de passion pour les sciences et les mathématiques, dévorant avec avidité le contenu des divers ouvrages sur lesquels il pouvait mettre la main pour approfondir ses connaissances. Fière de ses succès à l'école, sa famille l'encouragea bien entendu sur cette voie, allant même jusqu'à lui offrir sa première automobile pour ses 17 ans, qu'il s'empressa bien sûr de démonter et remonter jusqu'à en connaître le moindre rouage.

Il semblait bien évidemment tout convenu à partir de là pour que Stark poursuive ses études dans le domaine, et il fut envoyé à l'université de Central pour parfaire ses savoirs et trouver sa place dans la société. Brillant élève, il faisait la satisfaction de ses professeurs la journée, et le bonheur de ses camarades les soirs de festivité, où son argent de poche faisait plus d'un heureux autour d'une table.

C'est lors d'une de ces soirées que son chemin tout tracé bascula. Un autre étudiant, juché sur une table, tentait d'interpeller les clients du bar sur divers problèmes de société, et comment les résoudre. Stark but littéralement les paroles de l'orateur, fasciné qu'il était par son discours. Le petit matin était levé lorsque les deux désormais compère finirent enfin leurs discussions, fiers qu'ils étaient de contribuer à changer le monde. Son cercle d'ami changea petit à petit, il se mit à fréquenter de plus en plus ce nouveau milieu d'égalitaristes, rêvant de cet homme nouveau dont ils parlaient tous, qu'ils aspiraient tous à devenir.

Convaincus et résolus, Stark, entretemps fraîchement diplômé, se mit alors à donner de son temps et de son argent aux plus démunis. Mais le jeune homme pouvait faire tous les efforts qu'il voulait, qu'il pouvait, rien ne semblait changer. Les pauvres restaient toujours écrasés sous le poids de la misère, des dettes, de la maladie et autres calamités, tandis que le reste du monde tournait, comme un vicieux engrenage de mort et de souffrance.

Accepter la réalité du monde devint de plus en difficile pour notre ingénieur, d'autant qu'en bon patriote il avait rejoint les arsenaux de l'armée, décider à faire de son mieux pour aider les vaillants soldats qui se battaient pour eux aux frontières. Une fois à l'intérieur du système, les chiffres et les montants engagés lui donnèrent le tournis, tant d'argent dépensé dans de veines recherches d'alchimie, tant de fonds qui disparaissaient dans la poche d'un officier véreux avant d'atteindre ceux qui en avaient besoin.

Tout cela lui devint insupportable, alors il fit ce qu'il pensa être juste. Avec l'aide de quelques collègues, il voulut mettre sur pied un comité de soldats et de travailleurs pour faire entendre jusqu'au sommet de l'état le malaise à sa base. Hélas, les autorités ne le virent pas d'un tel oeil, et il fut limogé pour sa tentative d'insubordination. Désolé, Stark venait d'être trahi par son propre pays, sa terre natale. Il refusa de laisser tout ce sur quoi il avait travaillé être ruiné par un tel système, alors avec ses complices il subtilisa la plupart de leurs documents de travail, et ils fuirent pour le pays voisin d'Aerugo.

Si il trouva ici plus d'alliés qu'il n'en avait en son pays, sa joie fut de courte durée. Car il y rencontra des idéalistes et des révolutionnaires de tout les pays, de la froide Drachma à la sèche Creta, en passant même par la petite cité-état annexée de Milos. Partout le constat était le même, le peuple était opprimé, brimé, voire massacré par ses élites, qu'elles se nomment bourgeoisie, noblesse, gouverneur, et bien d'autres. Comment les autres ne pouvaient-ils pas voir ce tableau? Les petites gens s'entretuaient au nom d'un pays, d'une personne, alors que ceux tout en haut se gardaient bien de se salir personnellement les mains, plus prompts à serrer celle de l'ennemi juré quand c'était profitable. Si tel était le monde, alors Stark ne pouvait l'accepter. Et si il ne pouvait l'accepter, alors il le ferait changer.

C'est ici que débuta le début de sa lutte armée contre la dictature,  tel David face à un immense Goliath. Les entrainements succédèrent aux incitations à la grève, les tentatives soulèvements aux cavales.  C'est ici que la guerre d'Ishval marqua les esprits, dans laquelle le comité de Stark s'attela à faire passer des stocks d'armes à la frontière dans un sens, et des Ishvals dans l'autre. C'est là aussi que Stark vit le plus de morts, abattus par des sentinelles Amestriennes ou Aerugolaises. Mais c'était pour la bonne cause, se disait-il en consolation.

A l'issue de ce dernier conflit, le bilan dû se faire, et il était morose: leurs efforts ne menaient à rien, l'écart de puissance était bien trop grand entre eux, simples soldats aux moyens limités, et leurs ennemis gouvernementaux, avec leurs alchimistes, leurs vastes armées, et leur impitoyable logistique. C'est alors que Stark y trouva une idée: Si ils ne pouvaient prendre l'ascendant ainsi, alors il leur fallait un moyen de l'obtenir. Ses camarades et lui se mirent à chercher, expérimenter, développer, espionner, saboter, que ce soit en alchimie, en ingénierie, en médecine,... tout, pourvu qu'ils puissent enfin se battre sur un pied d'égalité.

Le partisan relança alors son projet d'armure expérimentale, inspirée des protections portées par les nobles d'antan au combat, remises au goût du jour grâce aux nouvelles technologies de l'automail. Décidé à montrer l'exemple, Stark fut le premier à tester le prototype, mais sans connection neurale, les réactions étaient au mieux insatisfaisantes. Alors il passa sur la table d'opération, souffrant le martyr tandis que les chirurgiens implantaient des connecteurs directement sur sa moelle épinière, et passant des mois en rééducation pour habituer son esprit à manier simultanément ses membres et ceux artificiels dont il s'équipait désormais.

C'est durant ce temps que des informateurs cachés au sein de l'administration Aerugolaise transmirent  un message important au comité: Drachma et Aerugo étaient désormais alliés de circonstances, dans un vaste plan consistant à déstabiliser Amestris à la fois de l'intérieur et de l'extérieur. Les détails du projet restaient secrets, toutefois il semblait que le gouvernement apportait son soutien aux dissidents, les aidant à franchir la frontière et leur fournissant un appui par le biais d'un réseau d'intermédiaires non affiliés.

Cette révélation fit germer un nouveau plan chez les révolutionnaires: En tant qu'Amestrien d'origine, Stark pouvait aisément se faire passer pour un rebelle désirant renverser le gouvernement de Central (ce qui était vrai de surcroit), et profiter ainsi d'une partie de l'aide de la coalition pour poursuivre leur objectif d'acquisition de technologie et de savoir dans l'un des pays les plus développés au monde, tout en portant des coups de boutoir à un régime totalitaire. C'était faire d'une pierre deux coups, et tout ce qui pouvait être réalisé durant cette occasion ne serait que bonus.

C'est ainsi que l'ingénieur prépara son matériel, utilisant leur réseau de camarades pour faciliter son installation à Central une fois les responsables d'Aerugo convaincus de ses intentions communes avec les leurs...